Alors que le Sénégal est en pleine négociation avec le Fonds monétaire international (FMI), le président Bassirou Diomaye Faye s’attelle à clarifier la situation financière du pays, notamment autour du dossier sensible de la « dette cachée ». Selon Jeune Afrique, plusieurs experts ont été sollicités par le chef de l’État pour gérer ce dossier complexe, tandis que son prédécesseur, Macky Sall, a déclenché une contre-offensive pour répondre aux accusations dont il fait l’objet.
En visite à Dakar le 23 octobre, l’avocat français Pierre-Olivier Sur, conseil de l’ancien président, a rejeté les soupçons d’une dette dissimulée estimée à 7 milliards de dollars, contractée entre 2019 et 2024. « Il n’y a pas de problème de dette cachée au Sénégal », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’Alliance pour la République (APR), le parti de Macky Sall. Selon Jeune Afrique, aucun hôtel de la capitale n’a accepté d’accueillir l’événement, signe des tensions persistantes autour de cette affaire.
L’équipe de défense de Macky Sall, coordonnée par l’ancien ministre de la Justice El Hadj Amadou Sall et composée notamment de Me El Hadj Diouf et de la députée Aïssata Tall Sall, dénonce un manque de transparence de la part des autorités actuelles. Les avocats accusent l’État de refuser l’accès à plusieurs documents clés, dont le rapport de l’Inspection générale des finances pour la période 2019-2024, un rapport provisoire de la Cour des comptes, ainsi que celui du cabinet Forvis Mazars, mandaté par Bassirou Diomaye Faye pour auditer les finances publiques.
Selon les informations rapportées par Jeune Afrique, le rapport de Forvis Mazars, non encore publié, évaluerait la dette du Sénégal à 118 % du PIB à fin 2024, tandis que le FMI avance une estimation de 132 %.
Pendant que Macky Sall et ses conseils affûtent leur stratégie de défense, le gouvernement sénégalais poursuit ses discussions avec le FMI et la Banque mondiale. Présent à Washington lors des Assemblées annuelles des deux institutions, le Sénégal a été salué pour ses efforts de transparence budgétaire. Une nouvelle mission du FMI, dirigée par Edward Gemayel, est arrivée à Dakar le 22 octobre pour affiner les contours d’un nouveau programme économique.
Pour appuyer ces négociations, Dakar s’est adjoint les services du cabinet parisien Global Sovereign Advisory (GSA), fondé par Anne-Laure Kiechel, ancienne de Lehman Brothers et Rothschild. Le cabinet, déjà actif au Sénégal sous Macky Sall, conseille aujourd’hui l’État sur ses orientations financières et économiques stratégiques.
Face à la pression médiatique, l’ancien chef d’État a également renforcé son dispositif de communication. Il est désormais conseillé par Publicis et par Aziz H. Rok, influenceur basé à Dubaï. À ses côtés figure aussi l’avocat français Antoine Vey, qui a saisi les Nations unies au sujet de cinq anciens ministres inquiétés par la justice sénégalaise. Tous ont depuis été libérés et placés sous contrôle judiciaire.
Enfin, Macky Sall a fait appel à Amelia Six, ex-directrice des affaires internationales de l’agence J5 co, bien connue dans le milieu politique sénégalais. L’agence, fondée par Gérard Askinazi, avait déjà collaboré avec l’équipe du président sortant lors de la dernière campagne présidentielle. Selon Jeune Afrique, Amelia Six a rencontré Macky Sall début octobre à Paris afin d’ajuster sa stratégie de communication face à l’intensification de la bataille politique autour du dossier de la dette.
Emedia







