Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit de dépêcher une mission au Sénégal en août pour examiner en profondeur les dettes non déclarées découvertes après l’alternance politique de 2024, et amorcer les discussions sur un nouveau programme de financement. Cette étape s’annonce déterminante pour rétablir la confiance des partenaires techniques et financiers, tout en posant les bases d’une relance économique assainie, rapporte Sikafinance.
Selon les premières évaluations du FMI, les engagements cachés liés aux entreprises publiques sénégalaises atteignaient 11,3 milliards de dollars fin 2023, soit près de 7,4 % du PIB. L’agence de notation S&P évoque même un chiffre avoisinant 13 milliards de dollars, révélés dans le sillage d’un audit ordonné par le nouveau gouvernement. Un montant qui surpasse largement le scandale des “obligations au thon” du Mozambique, faisant du cas sénégalais l’un des plus graves épisodes de dette dissimulée de ces dernières décennies.
Le FMI entend discuter avec les autorités sénégalaises des mesures correctives à adopter pour soumettre le dossier au conseil d’administration du Fonds. Ce dernier devra se prononcer sur un cas de fausse déclaration en lien avec les engagements du Sénégal dans le cadre du précédent programme. Deux options sont à l’étude : soit une dérogation est accordée, ouvrant la voie à un nouveau partenariat financier, soit le Conseil pourrait exiger un remboursement partiel ou total des décaissements antérieurs.
D’après un porte-parole du Fonds, un accord sur les mesures correctives pourrait être trouvé « dans les prochaines semaines », ouvrant la voie à un nouveau programme d’aide assorti de réformes structurelles. En parallèle, le FMI s’est engagé à présenter à son Conseil une évaluation complète sur les failles ayant permis à ces dettes de rester invisibles malgré les missions régulières menées dans le pays.
L’annonce de la mission a déjà provoqué une réaction favorable des marchés financiers. Les obligations souveraines sénégalaises ont connu un rebond immédiat : le titre en euros échéance 2028 a progressé de plus de 3 cents pour atteindre 82,88 cents, tandis que l’obligation en dollars échéance 2033 s’est établie à 70,64 cents. Un signal clair que les investisseurs attendent un retour rapide à la transparence budgétaire et une stabilisation des relations entre le Sénégal et ses bailleurs.
Le dossier, qui mêle enjeux économiques, gouvernance publique et crédibilité internationale, place Dakar sous étroite surveillance à l’approche de cette mission cruciale.
Emedia