1) La détermination des mois lunaires fait l’objet de divergences du point de vue du Fiqh et ce, depuis des siècles. Il convient alors de chercher une option qui va dans le sens de l’harmonie et de l’unité de la communauté musulmane de notre cher pays. Aucun groupe ne doit se considérer comme détenteur de la «vérité» sur la question et dire «si les autres ne nous rejoignent pas, point de solution».
2) Les oulémas contemporains parmi les plus reconnus ont délivré des Fatwas allant dans le sens de la célébration des fêtes de fin de Ramadan (Korité) et du sacrifice (Tabaski) à l’unisson dans chaque pays en rapport avec la situation actuelle des États-nations qui forment le monde musulman. Dans cette optique, cet énoncé des jurisconsultes (Fuqahâs) est très utile et même décisif : «La décision du gouvernant résoud où prévaut sur les divergences» (hukmul hâkim yarfa ‘ul khilaaf).
3) Dans tous les grands pays musulmans, notamment l’Arabie Saoudite, qui ne sont pas confrontés à la crise que vit le Sénégal, il existe une autorité publique chargée de l’observation ainsi que du suivi des douze mois lunaires sur l’ensemble du territoire national. Le Sénégal gagnerait à s’inspirer de ces pays musulmans qui pour certains ont eu à connaître le problème que notre pays n’est pas encore parvenu à régler. C’est-à-dire avoir une autorité dont les décisions et les dates qu’elle va retenir dans ce domaine matière vont engager toute la communauté musulmane du pays, notamment en ce qui concerne celles des fêtes de Korité et de Tabaski.
4) Notons que les décisions d’une telle autorité seront d’autant plus fiables qu’elles prendront en compte les données astronomiques qui de nos jours ont atteint un niveau de précision tel que l’instant de la conjonction et de celui du coucher du Soleil sont connus à la seconde près. C’est une telle autorité qui aura la légitimité et qui sera habilitée à collaborer avec celles des autres pays musulmans pour s’informer des résultats de leurs observations respectives et en tenir compte selon leur degré de fiabilité.
5) Nous invitons respectueusement les nouvelles autorités à impulser et accompagner des concertations inclusives pour que le pays sorte de la crise et ne soit plus, à ce sujet, une «exception» qui ne l’honore pas. En effet, les divergences notamment sur les dates de Korité et de Tabaski installent toute la communauté musulmane dans des malaises de Lune qui perdurent et auxquels il urge de trouver un remède durable. Cela est fort possible et à la portée de cette grande et valeureuse communauté musulmane du Sénégal. Notons aussi qu’une célébration unitaire des fêtes musulmanes aura un impact positif sur la cohésion sociale et le calendrier administratif du pays.
Pour terminer, je voudrais exprimer ma profonde gratitude à mes frères et sœurs qui ont lu la première mouture de ce plaidoyer et m’ont apporté leurs observations et suggestions de haute facture.
Fait à Dakar
11 Zul Hijja 1445 /19 juin 2024
Imam Ahmadou Makhtar KANTE
Écrivain et conférencier
Auteur du livre «Astronomie et Charia»
Email : tibianegroup@gmail.com