Le nouveau régime compte amorcer une nouvelle dynamique en faisant de «l’agriculture le levier essentiel du développement économique inclusif et durable du Sénégal». Il a alloué, à ce titre, 120 milliards de FCFA au secteur pour la subvention annuelle de la campagne de production agricole, avec un accent particulier sur la reconstitution du capital semencier. De la production, à la certification en passant par la distribution et la commercialisation, un business qui se fait sur le dos des vrais agriculteurs. Au point que les nouvelles autorités ont décidé d’impliquer l’armée dans le processus pour un meilleur contrôle du circuit. Le manque de moyens ne facilite pas les choses aux services de contrôle. Bès Bi plonge dans les rouages de la chaîne de valeur semence.
«Sur les années 2020 à 2023, une enveloppe globale de 310 milliards a été allouée à l’agriculture sénégalaise. Malheureusement, il faut constater et regretter que ces importants moyens financiers n’ont pas profité aux véritables cibles. Il y a donc lieu d’opérer une rupture au niveau des mécanismes de subvention et de financement comme sur le ciblage des bénéficiaires». Tel est le constat fait par le Premier ministre Ousmane Sonko, lors du Conseil interministériel consacré à la campagne de préparation agricole 2024. La «doctrine souveraineté alimentaire» consiste à consentir les ressources et moyens aux vrais agriculteurs. La subvention annuelle pour la campagne de production agricole est passée de 100 à 120 milliards FCFA. Une bonne partie est allouée aux intrants agricoles notamment les semences. L’intervention de multiples acteurs «formels» et «non formels» qui ont parfois des intérêts divergents pose la problématique de la souveraineté semencière.
L’absence de politique semencière compromet l’autosuffisance alimentaire
Selon la Fao, l’absence de politique semencière réduit les capacités d’un pays à assurer aux producteurs agricoles un accès adéquat à des semences de qualité. En plus, elle compromet inéluctablement l’atteinte des objectifs agricoles et l’autosuffisance alimentaire. De l’avis de l’ingénieur et expert agricole, Pape Adama Diouf, le nouveau régime doitmettre en place une politique parallèle de multiplication des semences pendant cette campagne 2024. «Jusque-là, nous n’avons pas une reconstitution soutenue de notre capital semencier. On doit redémarrer le mécanisme à travers l’incitation à la multiplication de semences par les producteurs durant l’hivernage», analyse M. Diouf. A l’en croire, les opérateurs n’ont pas suffisamment de semences multipliées avec un processus de certification et seule la reconstitution du capital semencier pourrait permettre de distribuer des semences de qualité aux producteurs. «Sinon la dépendance va continuer», a-t-il prévenu.
Fodé Bakary CAMARA