À Touba par exemple, «où le territoire aggloméré est passé de 575 ha en 1976 pour une population de 29 634 habitants à plus de 15 000 ha pour une population de plus de 500 000 habitants en 2002», la construction périurbaine a pris une ampleur démesurée à partir notamment du début des années 1980. En effet, les «appels au peuplement» lancés par les différents khalifes qui se sont succédé ont provoqué d’importantes migrations vers cette ville. Ce qui a créé des problèmes. Touba est sans doute la localité qui compte le plus de lieux de prières en Afrique pour un espace aussi réduit et aussi jeune. 560 mosquées ont été décomptées de sources concordantes. Parmi cette pléthore de mosquées, 60 sont des «dioumas» (lieux pouvant abriter les prières du vendredi).
À l’heure de la prière, les appels des muezzins rivalisent d’ardeur. Malgré le développement qu’elle a connu, Touba garde, jalousement, certains traits traditionnels. Touba, exemple le plus achevé de ces villes religieuses, constitue le cœur du pays mouride, le centre de sa «toile d’araignée», fruit de la spatialisation de la confrérie. Une croissance urbaine rapide et spectaculaire le singularise dans le réseau urbain sénégalais qui s’est mis en place à l’époque coloniale pour l’administration territoriale et l’évacuation des produits de traite. Cette dynamique urbaine particulière, soutenue depuis une trentaine d’années, se traduit par l’émergence d’une nouvelle grande agglomération à l’intérieur du pays.
Malick SY