Mamadou Moustapha Ba, ministre des Finances et du Budget, a déclaré qu’en 2024, le Sénégal aura à payer 578,3 milliards de charges financières de la dette. Invité de l’émission Jury du Dimanche, Dr Abdourahmane Diouf, leader du parti Awalé et candidat déclaré à l’élection présidentielle estime que la sortie du ministre devant les députés est un aveu. « Il est en train de nous dire, vous, prochain président de la République, vous aurez énormément de problèmes parce qu’on a accumulé des dettes que vous allez devoir payer vous-même. Je pense que même en termes de communication politique, ce n’est pas l’optimal. Je pense que si on essaie de simplifier, on va environ rembourser à peu près 5 milliards par jour. Les Sénégalais comprennent ce qui est en train de passer. Donc on a un service de la dette extrêmement lourd. C’est comme le père de famille. Il a un salaire de 500 000 francs. Chaque mois, il doit payer l’électricité, l’eau, les denrées de première nécessité, la scolarité des enfants. Mais sur son salaire de 500 000, il doit payer presque 50 % de son salaire », soutient-il.
Poursuivant, l’invité du JDD, renseigne que le ministre l’a expliqué par un resserrement de la politique monétaire. Mais maintenant, la question qu’il faut se poser, c’est quelle est la qualité de la dette que nous avons ? « Parce qu’un régime qui se respecte ne va pas cracher sur la dette. Parce que vous avez des postes de fonctionnement, mais il faut faire un certain nombre d’investissements pour que le pays se développe. Donc l’endettement en soi n’est pas un problème. Mais pour moi, le problème, c’est la qualité de l’endettement. Quand vous allez emprunter, quand vous prenez des dettes, le principe de base, c’est que la dette se paye elle-même. La dette doit pouvoir se payer elle-même. Si vous dites, je prends de l’argent pour investir dans une boutique, vous prenez 10 millions à la banque, la banque va vous faire un tableau qui montre que chaque mois, la boutique va produire une somme qui lui permet de rembourser l’argent à la banque. Vous voyez ce que je veux dire ? Alors que nous avons des dettes de prestige. On a mis, si je ne m’abuse, 60 milliards, je ne sais pas, 60 milliards et plus, sur le stade, par exemple, que j’adore. C’est un excellent stade, le stade Abdoulaye Wade. Mais qui est en train de payer cet endettement ? Est-ce que le stade qui fonctionne une fois pour les trois mois quand il y a un match de football, produit suffisamment de recettes pour payer sa dette ? On aurait pu avoir un montage financier beaucoup plus important. Le train Express Régional dont on parle beaucoup, qui est excellent sur l’opportunité de le faire, personne n’a jamais dit qu’il ne faut pas faire le train Express Régional, a bénéficié d’un montage financier qui fait qu’aujourd’hui, il y a des problèmes de rentabilité, et cette dette-là ne sera pas payée par les performances du train Express Régional. Qui va payer encore ? C’est l’État. Et il y a énormément de projets de précises comme ça », ajoute-t-il.
Dr Abdourahmane Diouf d’expliquer toujours : « ce travail sur les infrastructures, mais avec des montages financiers plus viables. Ce qui n’est pas viable, c’est d’être Président de la République, d’être dans un gouvernement, de savoir que votre action est inscrite dans un temps précis, c’est 5 ans, c’est 7 ans, c’est 12 ans, et de faire un endettement totalement démesuré, que vous allez laisser en lègue aux générations futures, sans pour autant avoir mis des mécanismes qui permettent de résorber cette dette. C’est ça qui n’est pas totalement responsable. Maintenant, on nous a avertis, nous savons que le prochain Président devra payer au moins 5 milliards par jour, les Sénégalais y sont préparés. Mais je voudrais attirer aussi l’attention, parce qu’on parle de budget, sur le fait qu’on va vers une année électorale, le Président Macky Sall ne le sera pas, ils ont un candidat qui est déjà en train de battre campagne avec les moyens de l’État, j’attire l’attention sur l’exécution, le taux d’exécution du prochain budget. Il ne faudrait pas qu’au terme du premier trimestre de 2024, que 50% de notre budget soit exécuté. Il ne faudrait pas qu’au terme du premier trimestre de 2024, quand le Président Macky Sall devra partir, que ces 10 milliards qui lui servent de fonds politiques soient complètement consommés, et qu’il ne reste rien auprès du n’importe qui va venir. Moi, candidat à l’élection présidentielle, j’ai déjà pris l’engagement que 10 milliards pour les fonds politiques du Président de la République, donc son argent de poste c’était plus, et qu’on va diminuer ça de moitié pour être dans une certaine forme de rationalité ».
Cheikh Moussa SARR et Abdoulaye SYLLA (Photo)