Kafountine traverse une période sombre avec une série de noyades tragiques survenues en moins d’une semaine. Hier encore, vers 21 heures, un nouvel incident a coûté la vie à un manutentionnaire dont le corps reste introuvable. Au total, trois corps ont été repêchés tandis que trois autres victimes sont toujours portées disparues. Ces accidents sont principalement causés par des chavirements de pirogues, mettant en lumière le non-respect des normes de sécurité en mer.
Le coordonnateur du Comité Local des Pêcheurs Artisanaux (CLPA) de Kafountine, Abdoulaye Demba, tire la sonnette d’alarme face à cette situation alarmante. Il dénonce le refus des pêcheurs de porter des gilets de sauvetage, pourtant essentiels à leur sécurité. Selon lui, bien que le ministère des Pêches ait distribué ces équipements à plusieurs reprises, ils ne sont pas portés en raison d’un conflit de responsabilité entre pêcheurs et propriétaires de pirogues.
« Les pêcheurs considèrent que c’est aux armateurs de fournir les gilets, tandis que ces derniers estiment que les pêcheurs étant souvent itinérants, ils risquent d’emporter les gilets ailleurs. Ce tiraillement complique la mise en application des règles de sécurité », explique Abdoulaye Demba.
Le CLPA a mis en place un système d’alerte avec des drapeaux signalant les conditions de navigation : rouge pour une interdiction totale, jaune pour une vigilance accrue et vert pour une navigation autorisée. Malheureusement, ces consignes ne sont pas toujours respectées.
Face à cette recrudescence des noyades, Abdoulaye Demba plaide pour l’installation d’une base navale à Kafountine, à l’image de celle d’Elinkine. Il estime qu’une telle infrastructure permettrait un meilleur contrôle des embarcations et des équipages. « À Elinkine, chaque capitaine doit enregistrer ses marins avant le départ et au retour. Si un marin manque ou ne porte pas de gilet, des sanctions allant de 50 000 à 150 000 francs CFA sont appliquées. Ce dispositif doit être instauré à Kafountine pour éviter d’autres drames », insiste-t-il.
Parmi les six noyades récentes, deux corps ont été retrouvés près du quai de débarquement, tandis que trois autres restent portés disparus. La majorité des pirogues impliquées appartiennent à des pêcheurs saisonniers venus d’autres régions, ce qui complique les efforts de sensibilisation. « À Joal et Mbour, les règles sont strictement appliquées car la majorité des pirogues sont locales. Ici, c’est l’inverse, ce qui rend la réglementation plus difficile », regrette le coordonnateur du CLPA.
Alors que les recherches se poursuivent pour retrouver les disparus, la communauté locale reste sous le choc et appelle à des mesures urgentes pour renforcer la sécurité maritime et prévenir de nouvelles tragédies.
Emedia