Jadis homogène, la région ouest de l’Afrique se disloque. Le temps mis alors pour le constituer s’efface devant les assauts sur sa désintégration à marche forcée.
Hier et avant-hier les biens et les personnes circulaient sans entraves, de nos jours les restrictions se multiplient et, d’un pays à un autre, les règles changent au gré des humeurs des dirigeants qui se succèdent aux responsabilités.
Les prétentions au pouvoir surgissent de manière intempestive. Elles n’obéissent plus au rituel classique de la quête de suffrages. Désormais, les coups de force constituent le plus court chemin pourbse hisser au sommet.
Une fois le but atteint, le Groupe s’installe, érige ses normes, impose son ordre et dicte la conduite à tenir. Gare aux rebelles, aux récalcitrants ou aux politiques en mal de repères !
Les hommes en kaki règnent en « maîtres absolus » et ne s’embarrassent pas de scrupules pour restreindre les libertés « si chèrement conquises ». Les ambitions du groupe devenu puissant l’emportent sur l’intérêt général dilué dans un vacarme subtilement entretenus.
A dessein, les nouveaux pouvoirs pilotent des régimes « forts » et piétinent la démocratie réduite à sa plus simple expression. En dégageant sans ménagement des civils élus, les militaires qui leur succèdent ne font guère mieux.
Ils camouflent même leur incompétence par des discours creux et sans âme, faisant croire que par les mobilisations et les slogans, les situations s’améliorent ou, à tout le moins, ne se dégradent plus. Les promesses de vie meilleure sécrètent des illusions sans aucune chance de voir un progrès advenir.
Malgré l’enlisement, les populations croient au miracle militaire. Elles adhèrent aux fumeuses politiques et répondent à toutes les mobilisations amplifiées par les médias connivents.
Ces derniers cèdent aux pressions, feignent d’ignorer les réalités ou dissimulent les forfaitures.
L’arrivée au pouvoir de juntes militaires au Burkina, au Mali, au Niger et en Guinée a littéralement changé la face de ces pays où les efforts de démocratie étaient bien réels en dépit de tensions sécuritaires et de la morosité économique ambiante.
Au Mali, les partis politiques sont dissous, la presse placée « under control », les syndicats muselés et toutes les voix étouffées.
Au Niger l’ancien président déchu Bazoum devient encombrant pour des militaires qui ne savent quoi faire de cette « patate chaude ». A son corps défendant, le Président Bazoum est perçu comme le principal opposant à la junte nigérienne.
Plus grave, l’ex président Mahamadou Issoufou, rase les murs en dehors du Niger, où de larges secteurs de l’opinion africaine voient en lui le tombeur de son « camarade »Bazoum. Il s’en défend et s’efforce vaille que vaille de démêler l’écheveau en tentant vainement de clarifier son rôle dans cette situation complexe. L’impréparation et l’improvisation sautent aux yeux des observateurs avertis.
Dans ces trois pays, les arrestations s’enchaînent suivies de détentions arbitraires que dénoncent de courageux avocats. Les Gens infatués se cachent ou se montrent plus discrets. Plus personne n’ose s’aventurer dehors ou afficher des signes ostentatoires d’aisance comme aller au restaurant en famille, faire ses courses dans les magasins ou dans les surfaces commerciales. Aux abords, pilullent les gorges profondes, les mouchards, les indics ou les alerteurs…
L’enjeu de pouvoir cache mal un jeu presque puéril. A cet égard, le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara (ADO), joue gros et sème le vent !
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En se prenant pour le « Maître des Horloges » qu’il n’est pas du reste, l’actuel président irrite par son manque notoire de mémoire et de conséquence. Devrait-il laisser prospérer à inouveau le funeste projet d’ivoirité pour empêcher un candidat de se présenter à la présidentielle d’octobre prochain ? Non et non !
Il est mal placé pour dire qu’il s’en lave les mains et laisse la justice et la loi électorale « trancher le litige ». Alors à quoi se résumerait sa présidence ? Eth puis, n’était- il pas celui qui a vécu dans sa chair cette délirante stigmatisation ?
Fait aggravant : aucun des ténors de la classe politique ivoirienne n’est en course pour la présidentielle en vue ! Mauvais signe. En l’absence de Laurent Gbagbo et Tijane Thiam, à quoi ressemblerait ce scrutin de tous les dangers ? Visiblement une poignée d’individus dépourvus d’ambitions travail au chaos de la Côte d’Ivoire, incontestable locomotive de l’économie de la zone UEMOA.
M. Ouattara cesse-t-il d’être démocrate ou l’a-t-il jamais été sa vie durant ? La récente manifestation « pacifique » de Yopougon témoigne d’une montée en puissance des facteurs de crise.
Le pays, est-il besoin de le rappeler, traumatisé une décennie durant par ces ruineux écarts de comportement de politiciens sans envergure, cherche une voie de salut. Dans cette optique, Ouattara est plus un obstacle qu’une clé.
Non loin de lui en Guinée, se faufile le taiseux colonel Mamadi Doumbouya dont le pouvoir et le mystère se renforcent grâce au silence qu’il observe malgré la période la de turbulence que traverse son pays.
Il balise son cheminement avec l’aide de politiciens affaires et ombrageux qui manœuvrent pour simplifier l’équation politique à Conakry. Déjà, certains dirigeants de l’opposition ont pris le chemin de l’exil à l’image de Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré. Leur exclusion de la compétition est presque actée.
Dans cet ordre d’idées, l’ébullition politique dans la sous-région perturbe la quiétude des populations.
Les « coups » ont disloqué l’intégration d’un espace autrefois envié pour pour son projet communautaire. S’ouvre la période des gouvernance… en silo.
Par Mamadou Ndiaye
