Invité de l’émission Jury du Dimanche (JDD) sur iRadio et iTV, l’économiste et philosophe Elhadj Ibrahima Sall est revenu en profondeur sur le processus de rebasing du Produit intérieur brut au Sénégal. Selon lui, cette opération technique, encore trop rare dans les pays en développement, constitue pourtant un instrument indispensable pour mesurer correctement la création de richesses et l’évolution de la pauvreté.
Face à Mamadou Ndiaye, Elhadj Ibrahima Sall rappelle que le système national de comptabilité, mis en place en 1953, prévoit une révision de la base de calcul du PIB tous les sept ans. Pour les économies connaissant des mutations structurelles rapides, cette mise à jour devrait même intervenir tous les trois à cinq ans. « Si l’on respectait ce rythme, nous disposerions de données plus fiables, de comparaisons internationales plus cohérentes et d’une vision plus claire de l’état réel de nos économies », explique-t-il.
Dans les pays développés, notamment au sein de l’OCDE, ces révisions sont réalisées de manière systématique. À l’inverse, souligne l’économiste, de nombreux pays en développement ont longtemps fonctionné avec des PIB « entassés » et incomplets faute de mises à jour régulières.
Pour Elhadj Ibrahima Sall, le succès d’un rebasing repose sur trois conditions : la neutralité institutionnelle, l’existence d’une base de données fiable et entretenue, et une transparence totale du processus. Au Sénégal, cette mission est assurée par l’Agence nationale de la statistique, dont les agents sont assermentés, et s’appuie sur des enquêtes statistiques robustes.
Il rappelle également que les opérations de recalcul du PIB engagées récemment s’inscrivent dans un processus amorcé depuis plusieurs années, bien avant la fin du précédent régime. « Nous avons rebasé notre richesse nationale, ce qui améliore mécaniquement le ratio dette/PIB et donne une image moins alarmante de notre niveau d’endettement », ajoute-t-il.
Ce travail s’effectue sous le contrôle du système national de comptabilité et avec l’implication d’institutions internationales telles que les Nations unies, le FMI ou encore la Banque mondiale. Des acteurs qui veillent à l’harmonisation mondiale des méthodes statistiques et garantissent la crédibilité des nouvelles bases de calcul.
Emedia
Photo : Pape Doudou Diallo








