Et si, derrière les apparentes convergences de vocabulaire, se jouait quelque chose de plus subtil ?
Quand la directrice du FMI évoque désormais la « dette cachée », le même mot que nos autorités, il faut s’interroger : simple coïncidence de langage ou stratégie bien calculée ?
Sur le papier, dans ses documents officiels, le FMI parlait encore de misreporting ou de données erronées. Mais en reprenant à l’oral le terme politique préféré du gouvernement, il entre dans notre récit… tout en le cadrant à sa manière.
Des mots qui flattent la posture de transparence du pouvoir, mais qui enferment le pays dans une faute désormais reconnue.
Dès lors, plus moyen de reculer : la discussion technique devient une affaire morale, et le rapport de force s’installe. Le FMI, sous ses airs flatteurs, fixe le rythme, les mots et les priorités.
Et plus il adopte notre langage, plus il renforce sa main. Le Sénégal, lui, négocie depuis un angle étroit, où chaque concession verbale prépare des concessions économiques : rigueur budgétaire, réduction des dépenses, suppression des subventions, réformes structurelles…
Tout cela au nom d’une certaine méthode de transparence, dont le coût réel reste encore à mesurer.
Car quand une institution internationale reprend vos mots après les avoir longtemps évités, ce n’est pas toujours un signe de « mea culpa », c’est parfois une façon de mieux resserrer l’étreinte.
Les mots ont un prix, surtout dans la diplomatie financière.
Et le prochain programme du FMI, désormais vital pour le Sénégal, en révélera sans doute le montant exact.
Attendons d’en lire le contenu pour savoir si le pays se redresse… ou s’attache un peu plus à son nouveau sauveur.
Un ancien opposant, aujourd’hui au pouvoir, disait jadis qu’il faut s’inquiéter lorsque le FMI ou la Banque mondiale vous félicitent.
Nous n’irons peut-être pas jusque-là. Mais quand, aujourd’hui, l’on se vante de ces félicitations, il faut se demander si ce n’est pas l’ironie d’un sort déjà scellé.
Emedia