Le match Sénégal–Mauritanie prévu au stade Abdoulaye Wade de Diamniadio ce mardi soir a été précédé d’une vive polémique autour des accréditations presse. Plusieurs professionnels des médias, dont Fatima Sylla (2STV) et Nafy Amar Fall (Wiwsport), ont été écartés de la couverture de cette rencontre, suscitant un tollé dans le milieu sportif et journalistique sénégalais.
Ce matin, nombreux sont ceux qui se sont retrouvés face à une fin de non-recevoir à la Fédération sénégalaise de football (FSF). Selon des témoins sur place, les responsables ont confirmé qu’aucune nouvelle confection de cartes d’accès n’était prévue. Un agent de la FSF, croisé à l’agence en charge de l’impression, a même glissé en wolof : « Keine nékoufi nieup deim naniou stade », laissant entendre que tout était déjà verrouillé, sans retour possible.
L’affaire a pris une tournure plus sensible avec le cas de la journaliste Fatima Sylla. Réputée pour son engagement, elle avait dénoncé publiquement les prix jugés excessifs des billets pour ce match, soulignant l’exclusion sociale de nombreux supporters. Une critique perçue par certains comme un simple cri du cœur patriotique, mais qui semble avoir été mal reçue par la FSF.
Le refus d’accréditation opposé à la journaliste a été vécu comme une sanction déguisée, une tentative de museler une voix critique. L’acteur politique Bougar Diouf a exprimé son indignation dans une déclaration relayée sur les réseaux sociaux, parlant d’« une injustice de trop dans le monde du sport sénégalais » et dénonçant un « règlement de compte personnel » contre une professionnelle qui n’a fait qu’exercer son droit d’expression. Il appelle même à la démission du président de la FSF, Abdoulaye Fall, si celui-ci n’est pas en mesure de garantir l’unité et l’équité dans le traitement des acteurs du football national.
Autre voix forte dans cette affaire : celle de Nafy Amar Fall, journaliste chevronnée de Wiwsport et membre du Comité exécutif de l’ANPS. Malgré une accréditation validée initialement par SMS et une inscription confirmée par la FSF, elle a constaté avec stupeur que son nom ne figurait pas sur la liste finale. Dans un texte poignant, elle s’interroge sur la transparence du processus, rappelant son parcours professionnel irréprochable et l’engagement constant de son média au service du sport sénégalais.
Ce double cas, loin d’être isolé, soulève une inquiétude plus large sur les pratiques de la nouvelle direction de la FSF. Sous l’ère d’Augustin Senghor, malgré les critiques, aucune exclusion de journalistes pour des motifs d’opinion n’avait été rapportée. Aujourd’hui, à l’occasion du premier grand match sous la présidence d’Abdoulaye Fall, les signaux envoyés sont préoccupants.
Au cœur de cette affaire, c’est la question du respect de la liberté de la presse, de l’équité dans le traitement des professionnels, et de la place de la critique constructive dans l’espace sportif qui est posée. Le football sénégalais, passion partagée par des millions de citoyens, ne peut évoluer dans un climat de suspicion, d’arbitraire et de censure.
Le traitement réservé à Fatima Sylla et Nafy Amar Fall appelle des réponses claires. La FSF doit expliquer, justifier, ou rectifier. Car dans un pays où le sport est un facteur d’unité nationale, priver une partie de ses voix sous prétexte de critiques, c’est menacer cet équilibre fragile.
Emedia