À Baaka Boff, dans la région de Fatick, les habitants ont décidé d’honorer chaque année la mémoire de leurs 31 tirailleurs, enrôlés de force et envoyés au front. La date du 15 février a été choisie pour commémorer ce jour tragique où leurs ancêtres ont été emmenés par les autorités coloniales françaises.
Blaise Diouf, fils d’un tirailleur du village, insiste sur l’importance de faire connaître ces combattants oubliés. « À Baaka Boff, nous comptons 31 tirailleurs. Moi, je n’en connaissais que trois : mon père et deux autres. Nous avons choisi de les célébrer chaque 15 février, car c’est à cette date qu’ils ont été arrachés à leur famille. Ce sont des tirailleurs inconnus que nous voulons faire découvrir, sans les confondre avec ceux de Thiaroye », explique-t-il.
Selon lui, de nombreux tirailleurs restent encore méconnus à travers le Sénégal. « Je suis convaincu qu’il y en a des milliers sur tout le territoire national. Il est essentiel qu’ils soient recensés et célébrés partout, comme nous le faisons ici à Baaka Boff. »
Massamba Tine, également fils de tirailleur, insiste sur la portée symbolique de cet hommage. « Ce n’est ni une quête financière ni une revendication tardive, mais un devoir moral : inscrire à jamais la bravoure de nos tirailleurs dans la mémoire collective. » Il rappelle que ces hommes, longtemps ignorés et parfois méprisés, ont été enrôlés de force, envoyés sur des champs de bataille en tant que chair à canon, mais ont toujours fait preuve de dignité, de résilience et de courage.
Pour lui, ces tirailleurs ne doivent pas sombrer dans l’oubli. « Ils nous ont légué des valeurs profondes que nous devons transmettre aux générations futures. » Par cet hommage annuel, les habitants de Baaka Boff espèrent redonner à ces héros méconnus la place qu’ils méritent dans l’histoire nationale.
Aboubakry Kane