La danseuse Fatou Woré va quitter aujourd’hui le monde des célibataires et va entrer dans le cercle des mariés. Artiste, danseuse, chorégraphe et animatrice à IRadio, elle est devenue la «Xorom ci tchin» de l’émission qu’elle anime désormais avec Cheikh Sarr. Dans cet entretien à bâtons rompus, celle qu’on surnommait «agneau 12 kg» revient sur le décès de sa mère, sa folie passagère, ses relations avec Dj Boub’s et le comportement des Sénégalais.
Qu’est-ce qui vous a motivée à intégrer le milieu de l’art ?
Je trouve que j’ai une place dans l’art et j’ai toujours pensé que j’avais une belle partition à y jouer. Je peux dire que l’art est quelque chose d’inné en moi, c’est un don et c’est un milieu que j’adore. D’ailleurs, j’ai beaucoup de choses à explorer dans l’art et l’avenir nous édifiera.
Depuis quand avez-vous commencé vos prestations ?
Je commence à durer dans ce métier, et si je me rappelle bien, c’est en 2006 que j’ai commencé à danser dans Oscar des vacances dans le groupe «Liniakhen de Guédiawaye» et c’est entre 2007 et 2008 que j’ai intégré le groupe de Ndèye Guèye «les gazelles de Dakar». En 2009, j’étais avec Adji Ouza et Wally Seck. J’étais également dans plusieurs autres groupes dirigés par des frères et oncles qui fréquentaient chez nous, car j’ai toujours aimé la danse. Déjà dans ma tendre enfance, lorsque je quittais Niary Tally pour venir à Guédiawaye, passer les vacances scolaires chez mon père, j‘étais la star lors des «khoumbeuls». En 2012, j’ai fait la connaissance d’un promoteur qui s’appelle Marc Ernestus. Il est vrai qu’avant de faire sa connaissance j’avais commencé à voyager avec Adji Ouza, mais avec le label de Marc, j’ai fait beaucoup de voyages à travers le monde. Et c’est à partir de là, que j’ai mis en place mon groupe «Waré Compagny», mais malheureusement, la plupart de mes danseurs sont restés en Europe. C’est pourquoi j’avais un peu délaissé la danse. Mais néanmoins, je suis avec ma sœur Adja Yacine, et des fois, si j’ai des prestations, c’est elle que j’envoie.
On a quand même remarqué que vous ne faites plus souvent de tournées. Est-ce dû à votre travail d’animateur au niveau de Iradio, ou simplement parce que vous avez mis en stand-by la danse ?
Pour dire la vérité, j’ai mis en stand-by la danse. En fait je ne peux pas être au four et au moulin. J’ai mon boulot à Emedia et je vais très tôt au boulot. Avec l’émission «Khorom ci tchin» avec Boubacar Diallo, c’était le top car il m’a appris à aimer le métier de l’animation. Ensuite Cheikh Sarr nous a rejoints et on forme un duo de choc. Et vous savez que les prestations, c’est la nuit et moi de nature, je n’aime pas sortir la nuit. Moi à partir du crépuscule, je suis out et j’ai pris cette habitude avec ma mère. Mais ce qui a été le plus déterminant et qui a mis un frein à toutes nos activités et autres tournées, c’est l’arrivée du Covid 19. En termes plus clairs, j’ai fait des sacrifices pour mon boulot, car il faut savoir faire des choix dans la vie. Et puis, je préfère maintenant danser à l’extérieur plutôt qu’ici, car en Europe j’ai des élèves et de temps en temps, je peux leur donner des cours, car je suis en même temps professeur de danse.
Lorsque Boubacar Diallo s’est retiré de l’émission «Xhorom ci tchin», tout le monde pensait que toi aussi tu allais quitter car tu as toujours dit que Boub’s était ton mentor. Comment s’est faite cette complicité avec Cheikh Sarr, car aujourd’hui vous cartonnez?
En réalité Cheikh Sarr était mon ami, bien avant son arrivée à Emedia. Même lorsqu’il était à D-media, il ne pouvait pas citer une danseuse, sans citer mon nom. Et même supposons, si on m’avait mise avec une personne avec qui j’ai des différends, si Boubacar Diallo me demande de travailler avec lui, je le fais sans hésiter. En fait Boub’s a fait un acte de grandeur en cédant la place à Cheikh Sarr. C’est un vrai gentleman et son geste m’a beaucoup marquée. Quant à Cheikh Sarr, on a une très belle complicité et c’est ce qui fait le charme de notre duo. Et je me sens mieux à l’aise avec les hommes, même si j’entretiens de bons rapports avec mes collègues femmes qui sont soit des sœurs soit des mères pour moi.
Comment s’est faite ta connaissance avec Boubacar Diallo ?
En fait on s’est connus, lorsque je faisais des play backs pour Adji Ouza. Au temps j’étais très jeune et lorsqu’on se rencontrait lors des prestations, il me donnait toujours de l’argent. Et à chaque fois, il me disait tu danses très bien et si tu crois en ce que tu fais, tu pourras y réussir. En fait, il a toujours cru en moi, lui et tonton Médoune de M Prod Tv. Boubacar, depuis sa première émission de «Dakar ne dort Pas», il ne cesse de faire ma publicité et souvent, il m’invitait dans les diners de gala. Et lorsqu’il m’a mise devant un micro pour animer, il ne savait même pas que j’avais cette aptitude, mais il a cru en moi. En fait, il doit ouvrir une école de formation en animation, car il sait détecter les bonnes graines. Boubacar est l’abreuvoir des assoiffés. C’est mon père et il a été là dans les moments difficiles. En fait j’ai perdu ma mère et en même temps j’ai raté une tournée à l’international. Et je croyais que c’était la fin du monde. Mais Dieu merci grâce à lui mes larmes ont été séchées. C’était des moments très tristes et douloureux, la période des vaches maigres et j’ai découvert beaucoup de visages, parce que, ceux ou celles que je pensais être mes amis ne l’étaient pas en réalité.
Comment s’est passé ton premier jour d’animation ?
Cela s’est passé naturellement et la complicité est venue naturellement. En fait c’est moi qui suis venue vers lui, lorsqu’ils ont ouvert la radio. Il craignait que je ne puisse avoir le temps d’animer à la radio, avec mes voyages et autres prestations, mais puisque j’étais décidée à intégrer la radio, je venais chaque matin et finalement, c’est devenu un amour pour moi. En fait les Sénégalais ont découvert une autre facette de moi.
A ce qu’il parait, ta meilleure amie, c’est Fatou Gueweul Diouf ?
Justement, je ne m’accompagne que de personnes plus âgées que moi, je ne fréquente pas la jeune génération. C’est vrai que Fatou Gueweul est ma meilleure amie. On se connait depuis maintenant près de 15 ans. Même si je suis malade, elle ne veut personne d’autre que moi, pour assurer sa chorégraphie. C’est une femme très digne avec de grandes valeurs. J’ai traversé des moments très difficiles, ces deux dernières années. Entre 2022 et 2023, j’ai appris à connaitre la vraie vie. En fait Fatou Gueweul, m’a émerveillée avec sa gentillesse, sa largesse, mais aussi sa piété. Je partage toutes mes peines avec elle et elle m’a intégrée dans sa famille et m’a mise en rapport avec beaucoup d’autorités religieuses et du gouvernement. Et lors du décès de ma mère, elle fait partie des premières personnes qui m’ont réconfortée et qui ont été à mes côtés du début à la fin. Donc ce qui nous lie, dépasse le cadre de la danse.
Est-ce que c’est le décès de votre maman qui explique votre long voyage à l’étranger. Des rumeurs disaient que vous étiez maraboutée, ce qui vous a valu de quitter le pays. Qu’en est-il réellement ?
C’est possible dé, puisqu’il m’arrivait des moments où je ne voulais plus rien du Sénégal et Boubacar Diallo, en sait quelque chose, car durant tout ce temps-là je percevais mon salaire alors que je ne venais même pas à la radio. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivais, je me levais le matin, je portais mes habits pour aller au travail, mais après je m’endormais. Peut-être que c’était mystique, mais cela peut s’expliquer aussi par le fait qu’en ce moment précis, j’avais perdu ma mère qui était ma jumelle, une amie, une sœur, une confidente. On était très fusionnelle et on se parlait au téléphone à longueur de journée. C’était moi qui était sa star. Je vous fais une confidence. Après son décès j’étais hospitalisée à la Raffinerie de Mbao pendant deux mois, j’étais complément désemparée, une dépression grave, je peux dire même que j’étais devenue folle. Et Boubacar Diallo m’a mise en rapport avec des médecins spécialistes. Ce qui m’a le plus marquée, c’est sa discrétion. Personne n’était au courant, alors qu’il pouvait me vilipender sur le net. C’est la raison pour laquelle je ne remercierai jamais assez Dj Boub’s. J’ai tout entendu, des personnes ont même rapporté que j’étais une 3e femme et que mon mari me droguait et que j’étais en situation d’overdose. Alors que tout cela était faux. Tout cela, parce que les gens ne savaient rien de moi, ils inventent des inepties. C’est grâce à ma grande sœur Ndèye Babacar qui m’a remonté le moral, que je suis redevenue moi-même, car je suis restée deux ans sans faire de prestations. Mais Dieu merci, maintenant je suis au top de ma forme, et ce n’était pas évident car j’ai reçu beaucoup de coups et par chance, j’ai réussi à me relever.
On vous entend souvent dire que le Sénégal est devenu un pays qui n’est pas tolérant, toujours dans les détails.
Moi, j’ai voyagé un peu partout dans le monde, mais ce que j’ai vu au Sénégal je ne l’ai vu nulle part ailleurs. En Europe, c’est des personnes fortunées qui travaillent, pour venir en aide aux personnes défavorisées, tout le contraire au Sénégal. Ici, ce sont les personnes pauvres qui travaillent pour loger les personnes dites riches. Il faut qu’on s’entre-aide mutuellement, en faisant dans le social et éviter la méchanceté ou le buzz pour détruire une personne.
Il se dit que vous êtes une personne très positive. Cela est dû à quoi ?
C’est juste une éducation que j’ai reçue de mes parents, notamment El Hadji Déthié Ndiaye Dieng. C’était un imam à Grand Dakar et chaque année, El Hadji Ibou Sakho, El Hadji Tamsir Sakho même Serigne Mansour Borom Daradji lui rendaient visite pour discuter des destinées de la commune. Je suis issue d’une famille qui maîtrise parfaitement le Coran et je suis la seule dans ma famille à pratiquer l’art. C’est pourquoi je reste toujours correcte, disciplinée, respectable car je suis une disciple de Serigne Fallou. Dans le milieu où j’exerce, il y a du tout, drogue, alcool mais c’est leur vie. Par contre, ce que je ne peux pas supporter, c’est le mensonge. Je peux supporter celles qui exercent le plus vieux métier du monde, l’homosexualité ou le lesbianisme, mais je ne supporte pas quelqu’un qui divise une famille.
Par Rose Samaké avec la Rédaction de Bès bi