Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Gueye Diop, a présidé ce jeudi à Matam le tout premier Forum des pôles territoires, placé sous le thème : « Matam : plateforme pour l’avenir industriel et agricole ». Ce rendez-vous stratégique a été l’occasion pour le gouvernement d’annoncer une série d’engagements majeurs en faveur du développement économique de la région.
Parmi les projets phares dévoilés figurent la création d’une usine d’engrais, l’implantation d’une Académie du phosphate ainsi que la mise en place d’un centre de recherche dédié à l’exploitation minière et à l’agriculture. Ces infrastructures s’inscrivent dans le cadre du programme de transformation structurelle de Matam, porté par l’Agenda 2050 du Sénégal.
« Matam est la région la plus riche en phosphate au Sénégal. Pourtant, cette richesse n’a pas encore servi son développement local », a déploré le ministre, rappelant son passé d’ancien DRDR (Directeur régional du développement rural) dans la région. Il a souligné que l’exploitation du phosphate s’est jusque-là limitée à l’exportation, sans réel impact sur l’emploi, la fiscalité locale ni la croissance économique régionale.
L’État ambitionne ainsi de créer un véritable pôle industriel, agricole et agroalimentaire à Matam, avec une usine de transformation d’engrais phosphatés et NPK à Dantiaadi. Cette unité devra produire jusqu’à 2 millions de tonnes d’engrais par an, destinés à la région et au-delà.
Autre projet d’envergure : le complexe phosphaté de Matam, qui permettra non seulement de transformer la roche en engrais, mais aussi de développer d’autres applications du phosphate, notamment dans les batteries pour véhicules électriques et l’agroalimentaire. La région pourrait également révéler d’autres ressources minières connexes.
Pour accompagner ce développement, le ministre a annoncé la création de l’Université du phosphate de Matam, une institution destinée à former les jeunes aux métiers de la géologie, de l’industrie et de l’agriculture. Un centre de recherche sera également implanté pour approfondir les connaissances autour de l’exploitation minière, des fertilisants et de l’innovation agricole.
Selon Serigne Gueye Diop, cette dynamique permettra à la région de passer de moins de 1 % à 9,2 % du PIB national à l’horizon 2050, en générant des centaines de milliers d’emplois directs et indirects dans la chaîne de valeur.
Le ministre a aussi affirmé l’engagement de l’État à lever toutes les contraintes administratives et logistiques qui freinent le développement industriel dans la région.
« Depuis 65 ans, aucune stratégie industrielle n’a véritablement été pensée pour la région du fleuve. Aujourd’hui, l’État veut changer cela », a-t-il conclu, avant d’annoncer la tenue d’un Comité régional de développement (CRD) pour approfondir la concertation avec les acteurs territoriaux, économiques et sociaux.
Emedia