Amadou Bâ, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle sénégalaise de 2024, se retrouve aujourd’hui dans la tourmente judiciaire. Selon le quotidien L’Observateur, qui a publié l’information ce mercredi 7 mai, son nom est mentionné dans une enquête de la Cour des comptes portant sur des irrégularités financières graves commises entre 2019 et mars 2024. L’affaire concerne le retrait anticipé et non reversé de Dépôts à Terme (DAT) publics, pour un montant total de plus de 141 milliards de francs CFA.
Les DAT, en principe, sont des fonds publics placés à la banque pour une durée déterminée afin de générer des intérêts. À leur échéance, ces fonds doivent être restitués au Trésor public. Pourtant, les auditeurs de la Cour des comptes ont constaté que plusieurs de ces dépôts ont été cassés de manière anticipée, sans que les montants soient reversés aux caisses de l’État.
Amadou Bâ, alors ministre de l’Économie et des Finances, est accusé d’avoir autorisé une grande partie de ces opérations, en collaboration avec Cheikh Tidiane Diop, ancien directeur général du Trésor et secrétaire général du ministère au moment des faits. Deux cas précis sont évoqués.
Le premier, documenté dans une lettre signée par Amadou Bâ le 30 juin 2016, porte sur un DAT de 4,1 milliards de francs CFA à un taux d’intérêt annuel de 3,5 %. Ce dépôt aurait été utilisé pour rembourser un billet à ordre en mai 2017, selon des informations fournies par la Banque Régionale des Marchés (BRM) au Trésorier général.
Le second exemple, daté du 3 juin 2015, repose sur un protocole d’accord tripartite entre l’État, la Sonatel et la BRM. Le document, signé par Amadou Bâ et rédigé par Cheikh Tidiane Diop, concerne un autre DAT de 6,5 milliards de francs CFA au même taux.
La Cour des comptes accuse les responsables d’avoir instruit les établissements bancaires d’utiliser ces fonds publics pour des paiements non prévus par les lois de finances, en violation des règles budgétaires. Ces manœuvres, selon le référé transmis au ministère de la Justice, auraient engagé irrégulièrement l’État, en dehors de tout cadre légal.
Emedia