« Il y a urgence à redoubler d’efforts en vue de consolider des États réellement de droit, de bâtir de véritables démocraties capables d’assurer, d’adapter dans la stabilité et la transparence l’alternance au pouvoir ». Le plaidoyer est fait par le président de la République islamique de Mauritanie, Mohammed Ould Ghazouani, lors de la cérémonie d’ouverture, ce lundi, de la 9e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité.
Avant de formuler ce plaidoyer, l’invité du chef de l’Etat, Macky Sall, a regretté que « l’Afrique (soit) devenue depuis plus d’une décennie le théâtre de toutes les formes de violence terroriste, socio-politique et inter-ethnique, qui se propagent jour après jour à de nouveaux territoires, déstabilisant les États, et mettant hors de leur contrôle des régions à l’image de la bande sahélienne en zone d’incubation de l’extrémisme violent et de trafic en tout genre. Cette violence prend souvent naissance dans la pauvreté, la mal gouvernance, et l’absence de perspectives. »
Ainsi, « face à l’insécurité qui sévit en Afrique, et son corollaire immédiat, l’instabilité institutionnelle », il appelle à « travailler à libérer notre énorme potentiel en matières de ressources et de construction de solutions innovantes par l’amélioration de la gouvernance politique, sociale, économique au sein de nos États en vue de construire un développement durable assurant une prospérité partagée. En effet, il est désormais établi que toute lutte contre l’insécurité prétendant à une efficacité durable doit appréhender les questions sécuritaires avec les dimensions économiques, sociopolitiques », entre autres.
Dans ce sillage, a-t-il indiqué : « La Mauritanie a renforcé ses forces de défense et de sécurité afin de les réadapter aux spécificités des violences contemporaines. Dans le même temps, elle a polarisé son action sur la lutte contre la pauvreté et la précarité, le renforcement des Institutions démocratiques, la promotion des libertés fondamentales et de l’État de droit dans un cadre général, (entre autres). Mais, au regard du caractère transfrontalier du terrorisme et de l’extrémisme, nul ne peut se sentir durablement en sécurité que pour autant que ses voisins le sont. Nous avons mis en place l’organisation du G5 Sahel qui a mobilisé de nombreuses initiatives internationales pour améliorer notre capacité collective à agir efficacement face aux attaques terroristes. »
Aujourd’hui, constate-t-il : « Le G5 traverse une phase plutôt critique dû au retrait de la République soeur du Mali, et à la forte recrudescence de rupture de la légitimité constitutionnelle dans son espace. » Même s’il demeure optimiste, il souligne que « le combat collectif contre le terrorisme et l’insécurité (doit) se poursuivre sans relâche. Il y va de l’intérêt de la sous-région, et du continent dans son ensemble. »
Il appuie : « Ce combat contre l’insécurité est aussi celui de l’Union africaine (Ua), qui à travers son architecture lutte contre l’insécurité et les changements anticonstitutionnels par le biais du Conseil de paix et de sécurité et ses multiples mécanismes de soutien comme entre autres le système continental d’alerte rapide et la force africaine en attente. Mais, c’est aussi celui des initiatives pour la coordination des efforts de lutte contre l’insécurité développée dans le cadre des communautés économiques régionales comme la Cedeao. »
Avant de poursuivre : « Pour être réellement efficace, ce combat contre l’insécurité doit s’accompagner d’énormes efforts d’amélioration de la gouvernance politique, sociale et économique. L’agenda 2063 de l’Union africaine (Ua) en posant comme premier objectif la construction d’un développement durable laisse entendre que c’est seulement dans le cadre d’un développement inclusif garantissant une prospérité partagée que peut être résolument engagé l’objectif de faire taire les armes durablement voire définitivement en Afrique. »
Selon lui, « ce développement inclusif avec ce qu’il présuppose comme amélioration significatives de la gouvernance économique et socio-économique, est aussi l’une des conditions principales pour espérer mettre fin définitivement à l’instabilité institutionnelle. Certes, l’Union africaine (Ua), à travers ses instruments juridiques existantes ainsi que ses multiples déclarations comme celle d’Alger en 1999, renouvelé en 2000, puis en 2022, a fait de la lutte contre le changement anticonstitutionnel son cheval de bataille. Je salue ici ces importants efforts dans ce sens comme je salue ceux de ces communautés économiques régionale, notamment la Cedeao. »
Cependant, met-il un bémol, « en dépit de cet engagement collectif, nous assistons aujourd’hui à une recrudescence aussi inquiétante qu’inadmissible des changements anticonstitutionnels. »
En guise de solutions, il souligne « qu’il va falloir oeuvrer en vue de permettre à tous l’accès à l’équité, aux conditions de vie décente, mais aussi à travailler à apaiser la vie politique, à dépasser par le dialogue et le consensus les dissensions sociales et les animosités inter ethniques », en plus de « valoriser et optimiser le rôle des communautés, des leaders sociaux et de la société civile, et des organisations communautaires de base. »
« L’insécurité et l’instabilité constituent des luttes majeures qui hypothèquent le devenir de notre continent mais l’immensité de nos ressources et de nos potentiels confortent mon espoir en notre capacité collective à surmonter ces défis et à consolider un développement inclusif et durable », a-t-il conclu.
Dié BA