Dans une tribune au vitriol, l’ancien Secrétaire Général de l’Amicale de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de L’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar aujourd’hui responsable de la Nouvelle responsabilité politique à Kolda Daouda Sidibé met en garde contre les dérives d’une politique sénégalaise de plus en plus dominée, selon lui, par les passions partisanes au détriment de la raison. Un constat qu’il juge alarmant au regard du climat sociopolitique actuel, marqué notamment par les tensions dans l’espace universitaire.
Dès l’entame de son analyse, l’ancien adjoint au Maire de Kolda Abdoulaye Bibi Baldé rappelle qu’« il n’est nul besoin de faire un cours de philosophie pour comprendre les dangers de la cécité partisane ». Reprenant Descartes, il souligne que si « la raison est la chose au monde la mieux partagée », encore faut-il savoir « bien l’appliquer ». Or, regrette-t-il, certains acteurs politiques semblent reléguer la raison au second plan dès lors qu’ils se sentent prisonniers d’une loyauté partisane.
Une polémique à l’Assemblée nationale comme révélateur
L’analyste cite en exemple les propos d’une députée de la majorité présidentielle PASTEF affirmant à l’Assemblée nationale qu’« on ne peut pas payer la bourse à tous les étudiants ». Une déclaration qu’il qualifie d’« irresponsable » et de « dénuée de bon sens », d’autant plus que, rappelle-t-il, le leader du parti alors dans l’opposition défendait avec vigueur le paiement systématique des bourses étudiantes.
Pour Mr Sidibé, cette sortie traduit « la tentation permanente de certains responsables politiques à vouloir plaire au chef », quitte à se contredire ou à désavouer des positions précédemment défendues.
Universités en crise : “la force de l’argument a cédé à l’argument de la force”
La tension consécutive à cette polémique et au non-respect, selon lui, des engagements du ministre de l’Enseignement supérieur devant les députés a été suivie d’une escalade dans les campus. « Le temple du savoir s’est transformé en champ de bataille », regrette Sidibé, évoquant la levée des franchises universitaires et les affrontements entre forces de l’ordre et étudiants.
Il déplore que « l’argument de la force » ait pris le pas sur « la force de l’argument », aggravant une situation déjà fragile.
Silence du gouvernement : un mutisme jugé “inexplicable et coupable”
Autre sujet d’indignation pour Sidibé : le communiqué du Conseil des ministres du 3 décembre 2025, resté totalement muet sur la crise universitaire. « Le feu couve de partout, et le gouvernement s’enferme dans un silence assourdissant », écrit-il, estimant que cela donne l’impression que l’avenir des étudiants « n’est pas au cœur des priorités du moment ».
Un responsable politique, cite-t-il, a même laissé entendre que les cinq milliards distribués dans l’affaire dite des « tirailleurs de Sweet Beauty » auraient pu permettre de régler les bourses en souffrance.
Un appel à un sursaut de responsabilité
Daouda Sidibé conclut en tirant les leçons de cet épisode qu’il juge « malheureux » pour les universités. Il appelle l’ensemble de la classe politique à faire preuve de retenue et de responsabilité, estimant que « les propos partisans motivés par l’appartenance à un état-major » éloignent le pays des solutions et peuvent engendrer « des conséquences insondables ».
Les étudiants, rappelle-t-il, « méritent mieux », tout comme les universités qui doivent rester des espaces de calme, de dialogue et de construction du savoir. Il appelle à restaurer l’esprit de la devise universitaire « Lux mea lex » — « La lumière est ma loi » — qui ne devrait pas être un simple slogan, mais un principe guidant durablement les générations.
Seydou Diatta – Iradio Kolda







