À Adéane, dans le département de Ziguinchor, une nouvelle stratégie de santé publique a été lancée ce lundi pour renforcer la vaccination des jeunes filles âgées de 9 à 14 ans contre le papillomavirus humain (HPV), principal responsable du cancer du col de l’utérus. Cette initiative baptisée HPV+, portée par la Direction de la Prévention en partenariat avec l’UNICEF, intervient dans un contexte de baisse notable de la couverture vaccinale dans la région.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’une campagne ponctuelle, comme l’a précisé Dr Boubacar Kandé, médecin-chef du district sanitaire de Ziguinchor : « La vaccination contre le VPH est une vaccination de routine. Ce que nous lançons ici, c’est une stratégie pour renforcer cette vaccination dans les zones où les performances sont faibles. » Selon lui, la pandémie de Covid-19 a fortement impacté la couverture vaccinale, qui n’atteignait que 4 % dans le département de Ziguinchor en 2020. Malgré plusieurs tentatives de relance, les résultats sont restés en deçà des attentes, en partie à cause d’un déficit de données, rendant difficile l’évaluation réelle des progrès.
La stratégie HPV+ va au-delà de la simple administration du vaccin. Elle intègre un paquet de services comprenant la déparasitation des jeunes filles, un facteur essentiel pour leur santé et leur rendement scolaire, ainsi que la distribution de kits de dignité pour leur permettre de mieux gérer leur hygiène menstruelle. « C’est une approche intégrée, car la santé de la jeune fille va au-delà du vaccin », explique Ndèye Maguette Mbaye, chargée du genre et du développement au bureau de l’UNICEF Sénégal. Elle insiste sur l’importance d’un accompagnement global pour garantir le bien-être des adolescentes.

La pertinence de cette stratégie a été saluée par les autorités locales. Le Dr Souleymane Gomis, adjoint au maire d’Adéane, a exprimé sa satisfaction quant au choix porté sur sa commune pour le lancement de cette initiative. Il a aussi rappelé la gravité du cancer du col de l’utérus, qui continue de faire des ravages à l’échelle nationale et mondiale. « Si nous avons la chance d’avoir ce vaccin, il est impératif de le promouvoir et de sensibiliser largement la population pour assurer son acceptation. »
En effet, le cancer du col est le deuxième cancer gynécologique le plus répandu au Sénégal. Trop souvent détecté tardivement, il entraîne des conséquences dramatiques sur les plans sanitaire et socio-économique. Pourtant, les moyens de prévention existent. En plus de la vaccination, des sages-femmes sont formées pour dépister les lésions précancéreuses, permettant une prise en charge précoce.

Pour les responsables sanitaires, l’objectif est clair : faire en sorte que les jeunes filles soient immunisées à l’âge adulte et disposent des anticorps nécessaires pour se prémunir contre ce virus. Le Sénégal ambitionne d’atteindre 90 % de couverture vaccinale d’ici à 2030. L’initiative HPV+ s’inscrit pleinement dans cette dynamique, avec l’espoir de combler les retards accumulés dans des zones comme Ziguinchor.


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