Une équipe de la chaîne de télévision Al Jazeera, dûment accréditée au Sénégal, a été interpellée ce dimanche à son arrivée à l’aéroport de Cap Skirring, dans le sud du pays, alors qu’elle était en mission de reportage en Casamance sur le retour des déplacés de guerre dans leurs villages d’origine.
Composée de Nicolas Haque, chef du bureau d’Al Jazeera au Sénégal couvrant l’Afrique de l’Ouest, et de sa camerawoman, Magali Rochat, l’équipe a été brièvement retenue par la police dès son arrivée à l’aéroport, avant d’être relâchée. Cependant, une fois installés à leur hôtel, les deux journalistes ont de nouveau été interpellés, cette fois par la gendarmerie nationale.
Conduits à la brigade de gendarmerie, les deux professionnels ont été auditionnés séparément durant environ une heure. Les interrogatoires ont porté sur les motifs de leur déplacement en Casamance. À l’issue de ces entretiens, ils ont été libérés, mais leur matériel de reportage ainsi que leurs passeports ont été confisqués. Les autorités leur ont ensuite signifié leur expulsion vers Dakar dès le lundi 14 avril, à bord du premier vol.
Dans un communiqué, l’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES) a vivement dénoncé ce qu’elle qualifie d’« entrave sans précédent » à l’exercice du métier de journaliste. L’APES exige la restitution immédiate et sans condition du matériel professionnel confisqué.
L’organisation rappelle qu’en plus de soixante ans d’existence, elle n’a jamais connu une telle situation avec les services de sécurité sénégalais. Elle souligne que ses membres ont toujours entretenu des relations respectueuses et professionnelles avec les autorités du pays, à tous les niveaux.
L’APES appelle enfin au respect de la tradition sénégalaise d’hospitalité, d’ouverture et de tolérance, des valeurs qui ont fait du Sénégal l’un des pays les plus accueillants pour les correspondants de presse en Afrique.
Emedia
Crédit photo : AFP