Lors de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), Fatou Traoré Dembélé, coordonnatrice en santé de la reproduction à la direction régionale de la santé de Kédougou, a tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences dramatiques de cette pratique.
Les mutilations génitales féminines entraînent des douleurs extrêmes, des risques d’infections sévères (VIH, hépatite, tétanos) et des hémorragies potentiellement mortelles. Pratiquées sans anesthésie et dans des conditions insalubres, elles exposent les jeunes filles à des complications graves. À long terme, les femmes excisées font face à des difficultés lors de la grossesse et de l’accouchement, augmentant le risque d’hémorragies et de mortalité maternelle. La région de Kédougou, où la mortalité maternelle est élevée, souffre aussi d’un manque criant de sang, rendant la prise en charge des hémorragies encore plus difficile.
Les séquelles des MGF vont au-delà des complications obstétricales. Les fistules obstétriques, fréquentes chez les femmes excisées, entraînent des pertes urinaires incontrôlées et un isolement social. La sexualité est aussi impactée, causant des troubles dans la vie de couple. Sur le plan psychologique, ces mutilations génèrent des traumatismes profonds qui affectent les victimes dès l’enfance.
Selon le dernier rapport de l’UNICEF en 2022, 91 % des femmes de 15 à 49 ans à Kédougou ont subi des mutilations génitales. Ce chiffre souligne l’urgence d’une mobilisation accrue.
Face à cette situation, les autorités sanitaires insistent sur l’importance des accouchements assistés et des consultations prénatales pour limiter les risques. Elles appellent également à une mobilisation communautaire pour la sensibilisation et l’organisation de collectes de sang afin d’améliorer la prise en charge des victimes.
La lutte contre les MGF nécessite une approche multisectorielle, impliquant tous les acteurs de la société. Seule une action concertée permettra d’éradiquer cette pratique et de protéger les générations futures.
Ibrahima Sorry Kalloga, correspondant à Kédougou