
Le 11 octobre 2026, la région de Kolda a célébré, à l’instar du reste du monde, la Journée internationale de la jeune fille, un moment fort de plaidoyer en faveur de la protection, de l’épanouissement et de l’autonomisation des filles. Une journée festive en apparence, marquée par des chants, des danses et des moments de communion entre les adolescentes et les autorités, mais qui a surtout permis de mettre en lumière les défis persistants auxquels les filles sont confrontées dans cette partie sud du Sénégal.
Derrière l’ambiance bon enfant, les inégalités de genre, les violences sous diverses formes et les barrières sociales ont été largement dénoncées. Les organisateurs, parmi lesquels le Centre Conseil pour Adolescents (CCA), ont mis à profit cette journée pour rappeler l’urgence de renforcer les mécanismes de protection et de promotion des droits des filles.
Avec l’appui de ses partenaires, le CCA multiplie les actions de sensibilisation à travers la région. Son coordonnateur, Babacar Sy, a été chaleureusement salué pour son rôle de précurseur à travers la création des clubs de jeunes filles et son approche innovante baptisée « New Deal », centrée sur la résilience, l’autonomisation et le leadership féminin.
Les filles elles-mêmes ont été au cœur de cette journée de plaidoyer. Oumou Sabaly, 18 ans, membre active d’un club, a lancé un appel poignant aux parents :
« Nous avons remporté des batailles grâce aux activités de sensibilisation menées sur le terrain avec l’encadrement du CCA. Mais pour gagner la guerre, nous avons besoin du soutien de nos parents. Nous manquons d’appui pour notre hygiène menstruelle, nous sommes parfois privées d’école. Ce dont nous avons besoin, c’est de confiance, d’écoute et de considération. »
Autre revendication forte portée par les filles : le relèvement de l’âge légal du mariage, afin de lutter contre les mariages précoces encore fréquents dans certaines zones rurales. Elles ont également plaidé pour une réforme des critères d’admission dans les établissements d’excellence comme le lycée Mariama Bâ ou les LYNAQE (Lycées Nation-Armée pour la Qualité et l’Équité). Trop souvent, des filles brillantes de la région se voient refuser l’accès à ces établissements pour des raisons administratives, notamment l’absence d’extraits d’acte de naissance.
Proclamée par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 2011 (résolution 66/170), la Journée internationale de la jeune fille est célébrée chaque 11 octobre pour mettre en lumière les droits des filles et les défis qu’elles affrontent au quotidien. À Kolda, les voix de ces jeunes filles ont résonné avec clarté : elles veulent être entendues, accompagnées et surtout considérées comme actrices à part entière du développement de leur communauté.
Seydou Diatta – Emedia Kolda