Le Sénégal a obtenu, le 14 décembre 2025 à Abuja, la présidence de la Commission de la CEDEAO pour le mandat 2026–2030. Une première historique qui mérite d’être saluée, non comme un fait anecdotique, mais comme l’aboutissement d’une tradition diplomatique patiemment construite.
Cette désignation consacre une constante de la politique étrangère sénégalaise, héritée de Léopold Sédar Senghor : la doctrine des cercles concentriques, fondée sur le bon voisinage, et le principe du non-alignement, issu de Bandung. Une diplomatie de mesure, d’équilibre et de dialogue, qui a toujours privilégié la stabilité régionale à l’agitation idéologique.
Le président Bassirou Diomaye Faye s’inscrit, jusqu’ici, dans cette continuité. En ouvrant son magistère par des visites dans les pays voisins, il a réaffirmé une vérité simple : la paix intérieure commence par l’apaisement régional. Cette orientation mérite d’être reconnue.
Plus encore, la volonté affichée de retisser les liens entre la CEDEAO et les pays de l’Alliance des États du Sahel constitue un enjeu stratégique majeur. Le Sénégal, par sa position et son histoire, peut jouer un rôle de passerelle là où d’autres ont choisi la rupture.
Cette présidence n’est pas une récompense personnelle. Elle est un outil. Elle impose des responsabilités, des résultats, et une hauteur de vue constante. Les précédents chefs d’État sénégalais ont, chacun à leur manière, contribué à bâtir ce capital diplomatique : Abdoulaye Wade avec le NEPAD, Macky Sall à la tête de l’Union africaine.
Il appartient désormais au président Bassirou Diomaye Faye de faire vivre cet héritage, sans bruit, sans posture, mais avec constance. Dans un monde instable, la diplomatie reste l’un des derniers espaces où le Sénégal parle juste, et où il est encore écouté.
Thierno Diop






