Plus jamais çà, après la répression meurtrière exercée sur les populations de Khossanto semble dire la coalition nationale Publiez Ce Que Vous Payez (PCQVP). A travers un communiqué de presse signé par son président Docteur Papa Fara Diallo et parvenu à la rédaction de Emedia, cette coalition exprime sa grande consternation et sa tristesse suite à « la répression brutale administrée aux populations de Khossanto, occasionnant deux (2) morts, une quinzaine de blessés dont 07 dans un état assez grave, et 37 personnes interpelées et placées en garde à vue ». Elle « condamne avec la plus grande fermeté cette brutalité meurtrière à l’endroit de manifestants désarmés dont le seul tort a été de défendre leurs droits économiques, sociaux et environnementaux. Cette attitude répressive des autorités est une violation manifeste des droits humains ». Et dire que cette organisation de la société civile avait alerté à maintes reprises « sur le caractère illégitime et impopulaire de l’arrêté préfectoral (n° 0 43/P.D/SRY du 31 Août 2023) dans le département de Saraya relatif au recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée pour le compte des entreprises minières opérant dans la zone, les Autorités étatiques du Sénégal n’avaient prêté aucune attention aux réserves motivées des populations locales sur la décision du Préfet ».
Non sans rappeler « que la gestion des opportunités sociales offertes par les compagnies minières ne saurait revenir aux Autorités administratives alors que les communautés bénéficiaires disposent de mécanismes locaux acceptés de tous dans la gestion de leurs relations avec les compagnies minières ».
Très remontée, la coalition PCQVP « déplore le traitement inhumain que les Forces de Défense et de Sécurité auraient imposé aux personnes arrêtées lors des manifestations. Ces dernières seraient privées de toute assistance de leurs familles. Et nous saisissons cette occasion pour exiger leur libération immédiate et sans conditions. Dans un Etat de droit où la Constitution garantit et encadre la liberté de manifester, nous ne saurons tolérer la restriction systématique de l’espace civique accompagnée de répression sanglante avec des motifs aussi légers que le rétablissement de l’ordre public.
L’ordre public ne saurait être plus important et plus sacré que la vie humaine. Rien que la semaine dernière avant les manifestations, sentant les signes avant-coureurs d’une probable confrontation, notre antenne régionale de Kédougou avait informé le Préfet de sa volonté d’initier une médiation avec les acteurs communautaires (chefs de villages, organisations de jeunes et de femmes) et les maires des localités concernées qui avaient déjà exprimé leur disponibilité. Malheureusement, le Préfet a persisté dans sa logique autoritaire et a formellement déconseillé aux collègues de l’antenne régionale PCQVP d’initier la médiation, arguant que « la situation était sous contrôle ».
Pour la coalition PCQVP « Une telle médiation aurait pu désamorcer la conflictualité latente relativement à l’arrêté préfectoral et éventuellement prévenir les évènements malheureux observés aujourd’hui ».
Après s’être réjoui de la tenue d’un comité régional de développement(CRD) spécial « Dans le souci de restaurer la paix dans cette zone », la Coalition PCQVP qui « espère que cela ouvrira un dialogue fécond pour une sortie de crise », et que « la déclaration du Ministre de l’Intérieur à l’issue dudit CRD affirmant « avoir donné des instructions au Gouverneur pour le recrutement de la main d’œuvre locale non qualifiée, avec une démarche inclusive et participative », seront exécutées.
Recommandations
A l’endroit des autorités, la Coalition recommande dans l’immédiat aux autorités judiciaires « d’ordonner la libération de toutes les personnes arrêtées en marge de ces manifestations pour apaiser les tensions ».
Au Procureur de la république prés le tribunal de grande instance de Kédougou « d’ordonner l’ouverture d’une enquête libre et transparente pour élucider les circonstances de décès des deux manifestants et apporter les sanctions requises aux personnes incriminées » .
A l’Autorité administrative incarnée par le Préfet, la coalition PCQVP demande de « veiller à la prise en charge médicale correcte de l’ensemble des blessés, de limiter son rôle à la supervision des Commissions de recrutement sans y occuper une responsabilité de direction ».
A moyen-terme, la coalition nationale PCQVP pense que « Les autorités administratives gagneraient à renforcer la participation et l’inclusion de l’ensemble des parties prenantes pour toute décision ayant des implications sur les communautés, y compris dans la composition des commissions locales afin d’écarter les suspicions qui pèsent sur elles et les compagnies et d’asseoir un climat apaisé pour l’exploitation des ressources minières ».
A son avis, « L’Etat du Sénégal, à travers le Ministère des Finances et le Ministère des Mines et de la Géologie, doit s’acquitter de son obligation de rendre effectif le versement du Fonds d’appui et de péréquation instauré par le Code minier aux collectivités territoriales impactées par les opérations minières. »
Ce même Etat « doit veiller à ce que les compagnies rendent effectif le Fonds d’appui au développement local, conformément à l’article 115 du Code minier en vigueur. Il doit garantir des investissements conséquents dans les zones minières défavorisées pour un accès aux services essentiels (eau, santé, éducation, sécurité, etc.) afin de corriger les inégalités dont souffrent les communautés impactées» .
Avec les compagnies, l’Etat doit « requérir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés pour toute action à entreprendre et ayant des impacts sur leur cadre de vie. Les compagnies doivent garantir une concertation et une adhésion des communautés à leurs actions sociales, en respectant les choix prioritaires de ces dernières ».