Dans sa doctrine de souveraineté alimentaire, le pouvoir en place a décidé de placer l’Armée au cœur de son dispositif organisationnel. Après cette annonce faite par le Premier ministre, Ousmane Sonko, il revient clairement aux «Jambars» la mission de distribution et de sécurisation des semences et autres intrants agricoles. Au centre des débats dès la tombée de la mesure, ce recours à l’Armée dans la gestion des affaires «civiles» n’est pourtant pas inédit au Sénégal. Signe d’une quête de rigueur, d’efficacité où de résultats probants ? Bés bi revient sur les contours de cette «nouvelle donne», autre symbole du concept Armée-Nation.
Parmi les 23 mesures prises lors du Conseil inter-ministériel dédié à la préparation de la campagne agricole 2024, ce n’est pas la hausse de 20% du budget (120 milliards) qui a le plus retenu l’attention. Mais plutôt l’annonce du Premier ministre de placer l’Armée au centre de la gestion de l’opération de répartition des semences et de l’engrais. «Ce nouveau dispositif organisationnel va se développer au-delà de cet hivernage à travers le processus de digitalisation du système de distribution des intrants agricoles et leur sécurisation par les Forces de sécurité et de défense», selon Ousmane Sonko. A l’origine de la nécessité d’un tel changement, le nouveau régime s’est fondé sur les détournements d’objectifs qui minent le secteur. «Malheureusement, il faut constater et regretter que ces importants moyens financiers n’ont pas profité aux véritables cibles. Il y a donc lieu d’opérer une rupture au niveau des mécanismes de subvention et de financement, comme sur le ciblage des bénéficiaires. Désormais, les ressources et moyens consentis pour l’agriculture iront à ceux qui la pratiquent», avait-il promis. Sonko dira ensuite qu’«avec la doctrine de souveraineté alimentaire» que prône le nouveau régime, «il s’agit de faire de l’agriculture le levier essentiel du développement économique, inclusif et durable de notre pays, le principal moteur de la croissance économique et le régulateur des équilibres macroéconomiques». C’est sans doute aussi cette image de rigueur qu’on reconnait à l’Armée qui a amené le président de la République, lors du Conseil des ministres de ce 8 mai, à ordonner l’implication du génie militaire dans la prévention et la gestion des inondations, aux côtés des sapeurs-pompiers. Ce recours à l’Armée n’est cependant pas une première.
Falilou MBALLO