Clando Société :
Ah, chers lecteurs, l’histoire est parfois d’une ironie savoureuse. Figurez-vous qu’un phénomène étrange secoue actuellement le paysage médiatique sénégalais. Ce qui était autrefois une mélodie guerrière entonnée avec ferveur par les militants du Pastef devient aujourd’hui un requiem plaintif. Oui, oui, vous avez bien lu : les rois du clash, les maîtres de la réplique assassine, les experts en insultes version 2.0 se découvrent soudainement un amour pour la courtoisie médiatique. On aura tout vu !

Hier encore, il suffisait de prononcer le nom de « Seydina Ousmane Sonko » sur un plateau télé pour déclencher un torrent d’injures digne d’une compétition olympique de mauvaise foi. Si un chroniqueur osait émettre une critique, même timide, sur le parti ou sur son leader charismatique, il pouvait être sûr de se voir offrir un abonnement gratuit à la fureur des réseaux sociaux, avec en prime des menaces et des montages vidéo à faire pâlir un réalisateur de films d’horreur.
Mais voilà que la roue tourne – et elle tourne vite ! Maintenant que certains chroniqueurs analysent librement la situation politique du pays, les anciens champions de l’injure se découvrent une âme de victimes. Ô surprise, les voilà qui dénoncent l’irrespect, l’acharnement médiatique et même – tenez-vous bien – la manipulation ! Ceux qui, hier, applaudissaient les attaques les plus basses contre leurs opposants, trouvent aujourd’hui que « les mots peuvent blesser ». Quelle révélation !
Certains, dans un élan théâtral digne d’un César du meilleur drame, lancent même des appels au boycott des organes de presse et des chroniqueurs. D’autres préfèrent une approche plus directe : une petite convocation par-ci, une menace judiciaire par-là, et hop, certains chroniqueurs finissent même derrière les barreaux. Et là, on doit faire semblant d’être surpris ?
C’est donc ainsi que les ex-propagateurs de l’invective, devenus chantres de l’apaisement, découvrent qu’une parole libre, c’est bien, mais uniquement quand elle sert leurs intérêts. Quand elle leur échappe, elle devient subversive, dangereuse, voire criminelle. L’arroseur est bel et bien arrosé, et il semble que l’eau du bain médiatique soit un peu trop froide pour certains.
Moralité de cette histoire ? À force de jouer avec le feu, on finit par se brûler… ou dans ce cas précis, à force d’arroser les autres de fiel, on finit trempé jusqu’aux os par le retour de flamme.
Allez, chers lecteurs, à la semaine prochaine pour un nouvel épisode du grand théâtre politico-médiatique sénégalais !
Mamadou Lamine FATY journaliste