Le lundi 24 mars 2025, le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage s’est rendu sur le site du barrage d’Affiniam, dans la région de Ziguinchor, accompagné de responsables administratifs, d’élus locaux et de chefs de services. Cette visite de terrain, prolongée par un comité régional de développement (CRD) spécial à Diatock, avait pour objectif de discuter de la valorisation de la zone polarisée par le barrage.
À travers le Projet de Développement de la Chaîne des Valeurs (PDCVR), l’État ambitionne de transformer Affiniam en un hub agricole avec la mise en valeur de 3 000 hectares, pour un coût estimé à quatre milliards de francs CFA. Le projet prévoit notamment la construction de digues anti-sel, l’installation de forages solaires, l’acquisition d’équipements modernes et l’accompagnement des bénéficiaires en matière de financement, de formation et de formalisation.
Mais cette initiative est loin de faire l’unanimité.
Le Cadre de Concertation sur le Barrage d’Affiniam, qui se veut acteur incontournable dans le processus de développement de la vallée de Bignona, a vivement critiqué la démarche du ministère. Il qualifie l’opération de « solitaire », « cavalière » et « précipitée », dénonçant l’exclusion des services techniques régionaux et des acteurs locaux engagés de longue date sur cette question.
Dans un communiqué, le Cadre n’a pas mâché ses mots, qualifiant la visite ministérielle de « farce » et le CRD spécial de simple « messe administrative », qui ne ferait qu’aggraver le sentiment d’abandon ressenti par les populations locales. Ces dernières, selon le texte, subissent depuis plus de quarante ans les effets néfastes du barrage d’Affiniam.
Le Cadre réitère sa principale exigence : la réhabilitation du marigot de Bignona. Il appelle à une étude de faisabilité technique pour l’ouverture de l’embouchure, ainsi qu’à une évaluation globale du barrage. Il invite, pour cela, les ministères de l’Environnement, de l’Hydraulique, de l’Assainissement, des Pêches et des Infrastructures maritimes à se joindre à l’initiative.
Pour le coordinateur du Cadre de Concertation, Lamine Dem Diatta, sans une approche environnementale globale, les projets du ministère risquent de devenir des « programmes morts-nés ». Il plaide donc pour la convocation d’un Conseil interministériel dédié à la problématique du barrage d’Affiniam, seul à même de garantir une solution durable au drame environnemental et socioéconomique que vivent les populations locales.
Emedia