Le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) a vivement réagi à l’adoption précipitée de la loi interprétative relative à l’amnistie de 2024. Dans une déclaration rendue publique, la Conférence des Leaders fustige ce qu’elle qualifie de « gouvernance marquée par l’incompétence et l’irresponsabilité ».
Selon le FDR, les sorties médiatiques du président de la république des 3 et 4 avril visaient à regagner une opinion publique désabusée, mais sont révélées inefficace. Le Front dénonce également un rapport sur les finances publiques dont les conclusions seraient volontairement étouffées.
Au cœur de leurs inquiétudes : l’annonce implicite d’une révision constitutionnelle visant à renforcer les pouvoirs du Premier ministre. Pour le FDR, cette réforme cacherait une volonté de transférer de manière anticonstitutionnelle l’exécutif à une « figure non élue », ouvrant la voie à ce qu’il nomme un « État-Sonko ».
Le FDR cite plusieurs signaux inquiétants, parmi lesquels :
La centralisation des dépenses à la Primature ;
L’application au chef du gouvernement d’un article du Code pénal réservé au Président ;
Le contournement des collectivités territoriales sur les questions foncières ;
Le refus de contresigner des décrets présidentiels ;
Et l’usage systématique de l’avion présidentiel par le Premier ministre.
Par ailleurs, alors que le Président Bassirou Diomaye Faye annonce l’ouverture d’un dialogue sur le système politique, le FDR rappelle que plusieurs décisions majeures ont été prises sans concertation, notamment sur les législatives anticipées et l’inscription des électeurs.
Le FDR se dit favorable à un dialogue sincère, rappelant les acquis du Dialogue national de 2019-2023 : audit du fichier électoral, amélioration du parrainage, réforme des partis politiques, ou encore renforcement de la lutte contre la corruption.
Toutefois, il avertit qu’il ne participera à aucun « dialogue-alibi » visant à légitimer un changement de régime de manière détournée. « Il revient au Président de prouver sa sincérité en garantissant les libertés constitutionnelles et en respectant les conclusions issues des concertations », martèle le FDR.
Et de conclure : « Une nation forte se construit sur la vérité et l’éthique, non sur le reniement et la duplicité. »
Emedia