Le commentaire tout comme la revue de presse sont des genres mineurs du journalisme. Le reportage, l’enquête, les dossiers, l’interview sont autrement plus nobles. L’entretien est même l’exercice le plus difficile. En plus de sa préparation minutieuse, il faut savoir poser les bonnes questions et être perspicace dans les relances. Il n’y a d’ailleurs plus que la presse francophone qui s’attarde à commenter l’actualité. Les anglo-saxons, eux, vénèrent les faits qui sont sacrés. Cette façon de pratiquer le métier est plus rigoureuse et plus moderne. À y voir de près, la réputation du journaliste dans l’espace Commonwealth est plus solide. Ici, chez nous, un confrère a livré un commentaire qui a failli défrayer la chronique. Si la confraternitė déconseille de commenter le travail d’un confrère, rien n’empêche pour autant de franchir le rubicon pour essayer de comprendre les forces et faiblesses de son argumentaire. À propos des places, avenues ou édifices publics qui portent le nom du président, le commentateur a quelque peu raison. Cette propension est une caricature du culte de la personnalité. C’était le propre du colonialisme et des colons qui s’attribuaient tout ce qui était monuments et espaces vitaux. L’exemple le plus choquant est celui du roi Belge Léopold II qui était allé trop loin en faisant du Congo son propre titre foncier. En vérité, la colonisation perpétrée par la Belgique était la plus barbare de toutes les colonisations. Avec le communisme qui est finalement mort de sa belle mort, la folie des grandeurs était la même. Lénine, Staline, Mao dont la plupart des statues ont été déboulonnées étaient plus soucieux de leur miroir que de grand soir. Seul Che Guevara pourrait trouver grâce à nos yeux et amener à édulcorer le jugement sur l’échec du marxisme. Cela dit, la nuance et l’équilibre font partie des outils du journalisme. À l’opposé, l’agressivité et l’outrance en sont un poison lent. Que l’on soit journaliste ou pas, spécialiste du commentaire ou non, les passions toxiques cachent pour leurs auteurs soit un mal-être, soit une incompétence. Quand on s’adresse au président de la République, il faut le faire aussi avec politesse. Le chef de l’Etat sortant n’est un autocrate. Sinon cela se saurait. En Russie ou en Chine, il n’y a aucun journaliste local qui oserait parler sur ce ton à Poutine ou Xi Jinping. On peut toujours franchir le rubicon mais pas dépasser les bornes. Commentateur ou pas, il est toujours bon de s’imposer limites et frontières.
L’Afrique du Sud fait honneur à l’Afrique
Hors de nos frontières, le monde est immense. Il ne tourne pas rond. Le cynisme le ravage. Gaza est une chambre à gaz. Israël est l’autre nom de l’immunité et de l’impunité. L’Afrique du Sud s’est levée et fait honneur à l’Afrique. Le pays vient de traîner l’Etat hébreu à la Haye. Il l’accuse d’opérer un pogrom. Selon Pretoria, Israël viole une convention des Nations Unies sur le génocide. En posant un acte aussi fort, les Sud-africains prennent une initiative hardie et font preuve de courage moral. Pendant ce temps, le reste du continent a préféré la realpolitik, voire l’indifférence. Les communiqués de l’Union africaine restent lieux communs. Le président de l’Ua est totalement absent. Azali Assoumani est confronté à des émeutes chez lui. Le monde arabe, lui, est en pleine désertion. Le Sénégal, pour sa part, ne veut plus rien faire dans cette galère. Bref, l’aplatissement moral est dans chaque coin du globe. Il n’y a que l’Afrique du Sud qui ne perd pas le nord. Mais devant la plus haute cour de l’Onu, son effort risque d’être symbolique et vain. En lui-même, le système onusien est un mort-vivant. Son secrétaire général, le Portugais Guterres est sans doute le plus faible et le plus transparent de l’histoire. Les institutions multilatérales sont toutes malades d’une maladie incurable.
Le Cap-Vert a une santé de fer
Un 3ème pays d’Afrique vient d’éliminer le paludisme sur son sol. Il s’agit du Cap-Vert. Pas vraiment surprenant. Les signaux sont au vert dans l’archipel. Les goulots d’étranglement comme le manque de discipline ou de propreté ont été évincés. Ces insulaires ont fait de leur pays un phare démocratique. Les élec- tions s’y déroulent normalement sans que personne ne s’en aperçoive. Sans contestation, sans violence ni quiproquos. On comprend un peu mieux com- ment le ver a été tiré du fruit au Cap-Vert.
Assane GUÈYE