Quelque 100 000 participants, 195 pays, 4000 journalistes et 2000 lobbyistes ont été témoins du saupoudrage de Dubaï. La 28ème Conférence des Nations Unies pour le climat a de prime abord manqué de sobriété. Tous ces gens respectables qui l’ont honorée de leur présence ont quasiment tous pris l’avion pour s’y rendre. S’ils étaient si attachés à l’écologie, ils auraient mieux fait de marcher pour prouver leur sincérité. La micromobilité est certainement moins polluante que l’aéroplane qui déverse sa quantité de particules dans l’atmosphère. Les faux amis de la nature, à dire vrai, ne prêchent pas par l’exemple. Il suffit de voir les repas au menu souvent précédés au cours de ces grand-messes de petits fours, canapés et cocktails. Des plats bourrés de produits carnés, donc de protéines, sont ingurgités. Ce qui veut dire que parmi les écolos autoproclamés, les végétariens ne sont pas légion. Une autre absurdité, disons une provocation qui laisse pantois. Le président de cette COP, Sultan Al Jaber, est le PDG de la compagnie pétrolière d’Abu Dhabi. Choix loufoque et symptomatique du manque de sérieux et de respect qui ajoute du discrédit sur le rendez-vous annuel qui finit toujours de toute manière en rendez-vous manqué. Mais le reste du monde qui n’y est pas est incrédule, blasé. Cette majorité silencieuse reste tranquillement à la maison, loin du fatras et du concours du plus beau discours sans lendemain comme cela se passe du reste tous les ans avec l’Assemblée générale de L’Onu.
Les COP écopent camouflet sur camouflet
Villégiature, perte de temps et autodérision. Les COP comportent les germes de leur propre flop. Pas surprenant qu’elles écopent camouflet sur camouflet. Effectivement, tous les prétentieux qui veulent sauver la nature gaspillent leur temps et leur énergie. Dame nature est plus résiliente que tout. Elle sera encore là quand nous aurons fini d’embarquer pour des horizons lointains. Quoiqu’il se passe, elle est sa propre arche de Noé. Les larmes de crocodile des pompiers-pyromanes n’y feront rien. La nature naturante va gagner et va reprendre ses droits. Dans ses gesticulations, l’être humain ne cherche qu’à sauver sa peau. Parce qu’il n’est pas un singleton sur terre, il n’en est même pas le centre de gravité, encore moins «maître et possesseur de la nature». Comment un philosophe émérite comme Descartes peut dire une telle énormité ? C’est la terre et les vers de terre qui entretiennent la terre qui auront le dernier mot. Nous y venons, nous serons ensevelis sous terre. Humanité, humilité et humus sont de la même famille. Jouons balle à terre et finissons-en avec l’arrogance. 80 milliards d’individus ont déjà existé depuis que l’Homme est sur terre. Les 72 milliards ont été emportés par l’ange de la mort. Il en reste 8 qui s’inquiètent avec beaucoup d’égocentrisme du réchauffement et du dérèglement climatique. Les scientifiques onusiens du GIEC sonnent régulièrement l’alarme jusqu’à être anxiogènes. On est au- devant d’une insolation ou d’une hypothermie collective. Sortir du fossile ou entrer dans la fossilisation. C’est notre punition si on ne veut pas être momifiés. Au même moment où se tenait la pâle COPie, un déluge de bombes continue de pulvériser Gaza, à quelques kms de là. C’est dire combien les copistes ont de l’affect.
Les Sénégalais à la COP ont laissé derrière eux un désastre écologique
Dans la débandade générale et la vaste mascarade multilatérale, qu’en est-il précisément du Sénégal ? Le désert y avance inexorablement. La Grande muraille verte signifie qu’on s’emmure dans nos turpitudes. Les Sénégalais n’ont plus la main verte. Ses villes sont en ciment. La capitale en particulier ne ressemble plus à rien. Le maire Barthélemy Dias veut planter 100 000 arbres. Il ne sait pour le moment que poser des pavés après avoir cessé de jeter des pavés dans la mare. Clairement, les Sénégalais qui se sont présentés à la COP ont laissé derrière eux un désastre écologique. «Notre maison brûle et on regarde ailleurs». Qui ne craque pas devant la formule de Chirac. Oui, chez nous, il est un sujet essentiel dont personne ne parle. Il s’agit du droit et bien-être des animaux. Les équidés (cheval et âne), les populations de chats et de chiens sont si malmenés, tellement mal-traités dans ce pays qui a pourtant eu les premiers médecins vétérinaires d’Afrique. Birago Diop et autres. Grandeur et petitesse. Les points d’eau y sont également comblés au profit des sites d’habitation qui explosent en même temps que la démographie. Un pays sahélien qui ensevelit ses zones humides, c’est le comble de l’ironie. Ici donc, comme un peu partout dans ce monde immonde, le loup est dans la bergerie. Un proverbe arménien résume fort bien la situation. «Honteux de ce qu’il voit tous les jours, le soleil se couche en rougissant». Carton rouge à la COP.
Assane GUÈYE