Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage, Dr Mabouba Diagne, a annoncé un ambitieux programme de valorisation de la zone polarisée par le barrage d’Affiniam. Un investissement de près de 4 milliards de FCFA est prévu dans le cadre du Projet de Développement des Cultures Vivrières et de Résilience (PDCVR), destiné à transformer durablement l’agriculture dans cette région du sud du Sénégal.
Un barrage stratégique mais controversé
Construit entre 1984 et 1988 en coopération avec la Chine, le barrage d’Affiniam est un ouvrage majeur destiné à contrôler la salinité des terres et favoriser la riziculture sur une superficie brute de 11 480 hectares. Toutefois, plus de 27 ans après sa mise en service, ses résultats restent mitigés, avec des impacts économiques et agricoles jugés insuffisants par une partie des populations locales. Certains vont même jusqu’à réclamer sa destruction.

Malgré ce constat, plusieurs projets de développement ont été déployés au fil des ans, notamment le Projet de Gestion de l’Eau dans la Zone Sud (PROGES) et le Projet Pôle de Développement de la Casamance (PPDC). Cependant, les infrastructures complémentaires nécessaires à une exploitation optimale du barrage n’ont jamais été finalisées.

Un plan de relance agricole structurant
Face à cette situation, le gouvernement entend relancer la dynamique agricole avec un plan d’investissement ambitieux. L’objectif est de mettre en valeur 3 000 hectares de terres cultivables et de produire au moins 6 000 tonnes de paddy par an, soit environ 3 960 tonnes de riz blanc, de quoi nourrir 36 000 personnes. Par ailleurs, des cultures horticoles à haute valeur ajoutée (carottes, pommes de terre, tomates) seront développées sur 1 200 à 1 500 hectares, avec des bénéfices estimés à près de 4 milliards de FCFA.
Des mesures concrètes pour une agriculture durable
Le projet prévoit plusieurs mesures phares, dont la construction de digues anti-sel et de retenue d’eau, le forage de puits solaires et la mise en place de Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) pour optimiser l’exploitation des terres. Une formation des agriculteurs et un accompagnement financier seront également mis en place afin de structurer une véritable économie agricole locale.

Dans une approche sécuritaire et organisationnelle, l’armée pourrait être impliquée pour assurer la gestion et la sécurité de ces zones agricoles.
Un engagement politique fort
S’adressant aux populations locales, le ministre a réaffirmé l’engagement des autorités pour la réussite de ce projet. « Ensemble, faisons d’Affiniam un symbole de souveraineté alimentaire et de prospérité partagée », a-t-il déclaré, appelant à l’unité et à l’engagement des communautés pour relever ce défi.
Avec ce plan de relance, la Casamance pourrait bien s’imposer comme un modèle de développement agricole durable, répondant aux enjeux de sécurité alimentaire et de développement économique régional.

Emedia