Dans son interview accordée à une partie de la presse nationale le jeudi 22 Février 2024, le Président de la République confirme qu’il va respecter la décision du Conseil Constitutionnel, mais en plus, il souhaite organiser un dialogue auquel vont prendre part les partis politiques, la société civile, les religieux et les forces vives de Nation, pour évoquer juste deux points : 1) La date de l’élection présidentielle ; 2) la désignation de celui ou de celle avec qui il fera sa passation de pouvoir le 02 avril 2024 marquant la fin de son mandat.
Pour rappel, la décision N°1/C/2024 du Conseil Constitutionnel du 15 février 2024 a, d’une part, rejeté pour inconstitutionnalité la loi n°4/2024/ du 05/02/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution. D’autre part, tout en invitant, au considérant 20, les autorités compétentes à l’organiser « dans les meilleurs délais », cette décision du Conseil constitutionnel a annulé le décret 2024-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Donc, il s’agit de deux (2) points à discuter pendant deux jours. Mais l’évocation de ces 02 points dans leur complexité, au regard (i) de la situation politique du Sénégal depuis mars 2021, (ii) de celle des candidats dits « spoliés », (iii) de celle des 19 candidats validés par le Conseil constitutionnel, lesquels candidats exhibent fièrement « un droit acquis » d’être les seuls candidats à l’élection présidentielle quelle que soit la date et (iv) du contexte géopolitique sous régional et mondial, etc., justifie que ce dialogue dépasse largement les partis politiques et leurs état majors. Il est, de notre modeste point de vue, UN DIALOGUE POUR LE SENEGAL.
Donnons d’abord l’objectif du dialogue politique, pour montrer que ce dialogue auquel appelle le Président de la République, va bien au-delà du dialogue politique.
L’objectif du dialogue politique est de trouver des solutions pratiques et pacifiques aux problèmes politiques pour parvenir à un consensus entre acteurs politiques leur permettant de s’accorder sur une vision commune de l’avenir. Cela peut réconcilier des points de vue politiques sur la conquête et l’exercice du pouvoir, avec en bandoulière une approche jouissive du pouvoir et de ses attributs, fortement colorée de « patriotisme républicain ».
Notre intime conviction est qu’un dialogue exclusivement politique ne garantit nullement le traitement avec équité des deux points évoqués, vu les déclarations tous azimut des acteurs politiques concernés qui, faut-il le rappeler, n’ont pas le monopole du destin du Sénégal et de son devenir.
C’est pourquoi, nous sommes fondés de croire qu’à l’appel au Dialogue du Président de la République devraient répondre :
Les 19 candidats validés qui, tel « un syndicat », défendent exclusivement leurs intérêts matériels et moraux qui consistent à exercer leur droit acquis : « être candidat à l’élection présidentielle quelle que soit la date ». Ce qui, de notre point de vue est compréhensible et acceptable. Mais de là à vouloir revendiquer être les seuls à devoir participer au dialogue et à être les seuls candidats à l’élection présidentielle malgré le report, est inacceptable et injustifiable d’un point de vue juridique, politique, moral et social. Ce « syndicat » par sa radicalité est comparable à une multinationale agricole qui, après avoir bénéficié de subventions d’exploitations, de barrières à l’entrée, après production de centaines de millions de tonnes de blé, ne vend que les 10% de la production pour être compétitive, et brûle 90% de la production, malgré la famine et l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale.
Les 41 candidats dits « spoliés », se considérant victimes d’une machination du « Conseil informatique » pour des raisons qu’eux-mêmes peinent à comprendre. Des Ténors parmi eux affirment avoir travaillé d’arrachepied mais ont été écarté par « le conseil informatique » externe au Conseil constitutionnel. Leur participation au dialogue est une obligation et l’examen de leur participation éventuelle à la prochaine élection présidentielle est une question à considérer.
Karim WADE, ayant été retenu par la CC qui n’a pas tenu compte du décret confirmant qu’il est exclusivement sénégalais, doit participer à ce dialogue, pour des raisons politiques, juridiques et historiques. Il doit également participer à la prochaine élection présidentielle, aux côtés des 19 candidats validés et de candidats dits « spoliés ».
Ousmane Sonko, leader du parti ex Pastef, candidat ayant les parrainages mais recalé par le C.C en application de la loi électorale (consensus des acteurs politiques d’alors) sur la base d’un sursis de six mois pour diffamation, au vu de son poids politique et de son importance sur la scène nationale et internationale, doit lui-même prendre part au dialogue, ainsi qu’à la prochaine élection présidentielle.
La presse « seule détentrice du pouvoir de crédit et de discrédit sur les personnes et leur honorabilité, sur les processus et les systèmes »…,Cette presse, dans sa diversité et son pluralisme, est un maillon essentiel de la démocratie. Elle doit prendre part au dialogue, en toute liberté, à travers ses structures de représentation. Cette participation doit être sous « le sceau » ultime de l’intérêt supérieur de la Nation en informant « juste et vrai », en mettant l’accent « sur les faits et les preuves » et non sur les sources et sur les rumeurs » en direction, durant et après l’élection présidentielle.
D’autres pans de notre Nation doivent aussi prendre part à ce dialogue et ne s’inscrire que dans une posture d’interfaces.
Le Président de la République, qui lors de son interview a refusé toute posture partisane au regard de la gravité de l’heure, devient, de fait, UN FACILITATEUR. Il doit avoir à ses côtés toutes les parties prenantes, pour un dialogue fécond, inclusif et prospectif qui, de façon sereine, pourra traiter les deux points avec équité pour un Sénégal de tous, un Sénégal pour Tous.
Enfin, à ceux qui considèrent que deux (2) jours ne suffisent pas pour régler ces deux points, il convient de rappeler que la conférence de Yalta, l’une des plus grandes conférences de tous les temps, n’a duré que 8 jours (du 4 au 11 février 1945) et n’a porté que sur 4 points : occupation de l’Allemagne vaincue, la Pologne, le Japon et la création envisagée de l’ONU ; huit (8) jours pour discuter de l’avenir du monde en plein guerre (plus de 40 millions de morts) et sans facilitateur.
Au Sénégal, nous ne sommes pas en guerre et nous avons UN FACILITATEUR. Allons-y au dialogue pour le SENEGAL.
Vive la République !!
Vive le Sénégal !!
Mamadou DIONE
Centriste convaincu