Vous avez quitté le groupe D-Média il y a peu et vous voilà à Emedia. Pourquoi le choix de Emedia ?
J’ai quitté une famille. Mais à Emedia, je rejoins une autre famille. J’y retrouve des gens bien. Au cours des discussions avec le Directeur général du Groupe Emedia Invest, Alassane Samba Diop, j’ai découvert qu’il était mon beau-père. Al Hamdoulillah. Ensuite, Boubacar Diallo est un grand frère. On se respecte beaucoup. Il m’a très bien accueilli. Il m’a dit : «Cheikh, tu es mon petit frère. Tu es chez toi à Emedia». Je dois tenir l’antenne de 10h à 12h. Mais, j’ai le sang chaud en ce moment. J’ai envie de continuer jusqu’à 14 heures. J’en exprime la demande. Surtout que j’ai eu le temps de marquer une petite pause qui m’a permis de faire une évaluation pour la suite de ma carrière. J’ai bien réfléchi. J’ai eu beaucoup de propositions. Mais à l’heure du choix, c’est Emedia qui remplissait tous les critères. On va apporter des innovations. J’en ai discuté avec le directeur des programmes de la télévision (iTv). Je lui ai fait des propositions. Il y aura de nouvelles émissions. On verra ce qu’on n’a encore jamais vu dans aucune chaîne de télé ici au Sénégal.
Racontez-nous votre passage à D-Média
J’ai rejoint D-Média avec une charge lourde (ndlr : Il devait remplacer Pape Cheikh Diallo). C’était très difficile. Mais avec l’appui de mes collègues de travail et des Sénégalais, j’ai réussi à relever le défi. J’ai fait là-bas 10 ans. Malgré tout ce qu’on a dit, je n’ai pas souhaité répondre, parce que j’ai une philosophie dans la vie. Je ne retiens que les bons moments que j’y ai vécus. Mes collègues ont apprécié mon apport pour l’essor du groupe. J’ai apporté ma pierre à l’édifice. Et ça, j’en suis très fier. A mes débuts, des gens travaillaient pour que je perçoive mon salaire. Par la suite, c’est grâce à mon travail que d’autres employés étaient payés. C’est dur de quitter une famille, mais je retiens que c’est la volonté divine. C’est ça l’essentiel pour moi.
Votre départ de D-média n’a-t-il pas détérioré vos rapports avec Bougane ?
Bougane reste mon grand frère. Il en sera toujours ainsi entre nous. Quand j’ai annoncé ma décision de rejoindre Emedia, sa maman, son épouse, ses jeunes frères, ce sont des fans, ils m’ont tous contacté. Des collègues m’ont envoyé des messages, d’autres m’ont contacté directement. C’est une famille.
Pouvez-vous revenir un peu sur votre parcours Cheikh ?
Ça n’a pas été facile. J’étais salarié. J’ai commencé à enseigner en 1998 jusqu’en 2003. J’ai appris dans chacune des localités où j’ai eu à servir. Pour l’animation, ça a démarré en 1999. Mon grand frère, Ndongo Sarr, qui était Directeur de radio, me disait : «Devant un micro, considère tes auditeurs comme des stars. Tu dois apprendre d’eux pour mieux les servir». J’ai été très tôt pris par le virus parce que j’ai grandi à côté de grands frères qui aimaient beaucoup la musique. L’un d’eux, Zale, et mon oncle Ousmane Sall, que Dieu ait pitié de son âme, avaient une chaîne à musique. Ils me laissaient animer la première partie. J’ai aussi animé des cérémonies tels que les baptêmes, les mariages et même les funérailles. Je mettais des versets du saint Coran. Voilà comment j’ai intégré le milieu. En 2003, j’ai quitté Keur Momar Sarr pour venir à Dakar exercer ma passion. Mais les débuts étaient très difficiles.
De combien était votre premier salaire… ?
C’était 10 000 FCFA. Je vous explique comment je l’ai gagné. Je suis allé trouver des pêcheurs. Je les ai aidés à accoster. Ils m’ont donné des yaboye (sardinelles en français), que j’ai revendues à 10 000 FCFA. Je me suis alors rendu au marché et avec la somme gagnée, j’ai acheté du parfum et du déodorant, que j’ai mis dans un sac à dos avant d’arpenter les rues de Yoff à Grand-Yoff. C’était mon gagne-pain à l’époque. Quand j’avais beaucoup de bénéfices, je me régalais chez le «Maïga». Par contre, en période de vaches maigres, je me contentais de «Fondé» (bouillie de mil) ou du «Thiéré» (couscous de mil) à 100 FCFA, un sachet de lait à 50 FCFA et du sucre à 25 FCFA. Je pensais aussi à ma famille, surtout à mes parents qui étaient devenus âgés. Je me rendais jusqu’aux Parcelles Assainies pour envoyer de l’argent. J’attendais le jeudi pour remettre à l’apprenti du bus horaire pour Keur Momar Sarr, (je suis kaw kaw et fier de l’être) (rires), 5 000 FCFA, 3 000 FCFA pour ma mère et 2000 FCFA pour mon père. Et malgré cette difficulté, Dieu merci, je n’avais pas une mauvaise fréquentation, je ne buvais pas d’alcool, ni fumais de la cigarette. C’est ce début qui m’a forgé. J’étais toujours sans abri. Mais un jour, j’ai parlé de ma situation à un ami, Cheikh Lo. Il m’a alors accueilli dans son atelier de tailleur. Je dormais sous sa table à coupe. C’est là que j’ai appris à cuisiner. D’ailleurs, je prépare très bien le « Moukhamza» (pâtes perles au lait). (il pouffe de rires). C’était succulent, mon ami en raffolait. C’était une vie de célibataire. Quelques années plus tard, j’ai intégré le groupe Walfadjiri où j’ai eu mon premier vrai salaire de radio. Après, j’ai fait la radio Premier Fm, puis Sopi FM, ensuite D-Média et aujourd’hui je suis à Emedia.
Vous êtes quelqu’un de très spirituel, récemment vous étiez à La Mecque. D’aucuns disent que maintenant, vous devez quitter l’animation. Quel est votre commentaire ?
La question, c’est de savoir si l’animation est «Xaram» ? Et ça, je le demande à Oustaz Taïb Socé. Résumer l’islam à la prière, au jeûne, à l’aumône, ce n’est pas ça. L’islam nous a même appris le développement. Moi, même si je partais 1000 fois à La Mecque, je vais animer 1000 fois.
Vous êtes un adepte de la monogamie. Et vous magnifiez souvent votre épouse à l’antenne. Dites-nous comment vous vous êtes connus
Je touche du bois, mais j’ai une très bonne femme. Elle est discrète, disponible, pieuse, généreuse, c’est une mère pour moi. J’ai une petite sœur qui s’appelle Maïmouna, je lui dis- ais c’est toi qui va me trouver une femme. Un jour, elle m’envoie une photo de la fille, elle me dit c’est ta femme. J’étais à la radio et je ne savais plus quoi animer. Dès ma descente, je l’ai appelée, elle m’a dit je te rappelle. Quand elle m’a dit ça, j’étais découragé, mais quand elle m’a rappelé j’étais aux anges. Nous sommes sortis ensemble 3 semai- nes et nous nous sommes mariés. Parce que son père, Thierno Madani Tall de la famille Omarienne, m’a appelé et m’a dit : «Tu aimes ma fille ?» La réponse fut positive. Il me dit : «Aujourd’hui, c’est mercredi ; ce jeudi envoie ta famille pour qu’on officialise le mariage». Et voilà.