Ce vendredi matin, les habitants des villages de Youtou et d’Effoc ont entrepris l’élagage des arbres afin de déblayer la piste de 21 km reliant Oukout à Youtou, qui traverse le parc de la Basse Casamance. Une initiative essentielle dans un contexte de difficultés économiques et sociales aiguës pour ces localités.
Jean Tosse Diatta, coordinateur du développement des villages de Youtou et d’Effoc, souligne la situation difficile des populations locales. Ces deux villages, situés dans la commune de Santhiaba Manjack, département d’Oussouye, ont souffert des conséquences du conflit en Casamance pendant plus de 40 ans. Malgré des ressources agricoles et fruitières considérables, les habitants continuent de vivre dans une grande précarité, exacerbée par leur enclavement.
Depuis les années 1990, période marquée par l’intensification du conflit, la piste reliant Oussouye, Oukout, Effoc et Youtou était devenue impraticable à cause de l’insécurité qui régnait sur cette route stratégique. La voie fluviale est restée l’unique alternative pour les populations, qui peinent à écouler leurs produits agricoles, comme les mangues, les oranges, les citrons, les bananes, le maad et le tool. Ces fruits pourrissent souvent dans les forêts faute de moyens de transport adéquats.
La réouverture de la piste, intervenue ces trois dernières années grâce à l’implication des chefs de village et des autorités administratives et militaires, a apporté un soulagement, mais uniquement en saison sèche. Malheureusement, cette réhabilitation demeure insuffisante, car la route devient impraticable pendant la saison des pluies. Les populations, malgré leurs efforts pour la colmater, n’ont pas trouvé de solution durable.
La journée du 27 décembre 2024 marque donc une nouvelle tentative de la part des habitants pour maintenir la voie ouverte. Cependant, les efforts passés ont échoué à garantir la fiabilité du transport sur cette route. Les bus reliant ces villages aux autres localités, y compris celles de Guinée-Bissau (Édiatène, Bujin, Kassolole, Zuzana, etc.), ne peuvent plus assurer le transport des passagers en raison de l’état de la piste. Ce problème soulève également des enjeux d’intégration régionale, un objectif souvent mis en avant par les autorités de la CEDEAO.
Malgré les initiatives du gouvernement sénégalais pour désenclaver les régions affectées par le conflit de Casamance, comme les programmes ANRRAC, PUMA, PUDC et PDC, la situation reste préoccupante. Jean Tosse Diatta appelle ainsi les nouvelles autorités, notamment celles engagées dans la souveraineté alimentaire, à reprendre ces projets et à mettre en œuvre des solutions pérennes pour soulager les populations de Youtou, d’Effoc et des autres villages de la commune de Santhiaba Manjack, qui continuent de souffrir de cet enclavement meurtrier.