À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières (RSF) a dressé un état des lieux préoccupant de la situation en Afrique subsaharienne. Sadibou Marong, responsable régional de RSF pour cette zone, a pris la parole lors d’un événement organisé à Dakar pour alerter sur la recrudescence des violations à l’encontre des journalistes.
« Qu’il s’agisse du Burundi, ou des journalistes portés disparus dans le Sahel ou en Guinée, leur nombre ne cesse malheureusement d’augmenter », a déclaré M. Marong. Il a tenu à rappeler que la prison n’est pas la place des professionnels de l’information, citant notamment le cas de Sandra Mouhoza, emprisonnée au Burundi.
Le responsable de RSF a également évoqué la tendance inquiétante dans le Sahel, où plusieurs journalistes sont enrôlés de force, notamment au Burkina Faso. Il a profité de cette tribune pour remercier les organisations de la société civile et de la presse, telles qu’Article 19, Mathieu Oumey, Cédric Ndiarama et d’autres partenaires présents à l’événement.
Un recul économique mondial pour les médias
Sadibou Marong a par ailleurs souligné les résultats du nouveau Classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF. Sur les 180 pays analysés, l’indicateur économique s’est avéré être le plus faible parmi les cinq critères évalués : légal, économique, sécurité, social et politique.
L’Afrique, y compris le Sénégal, n’échappe pas à cette tendance. Toutefois, le Sénégal a enregistré une progression notable, passant de la 94e à la 74e place au classement. « Une avancée, certes, mais les défis restent nombreux, notamment la soutenabilité économique des médias », a-t-il précisé.
Parmi les causes de cette baisse de l’indicateur économique figurent la concentration excessive de la propriété médiatique, les pressions financières, la réduction du pluralisme et les répressions réglementaires. « Lorsque des médias ferment, c’est le pluralisme qui recule », a-t-il regretté.
Méthodologie et focus régional
La conférence a également été l’occasion de présenter la méthodologie utilisée pour établir le classement. Jeanne Lagarde, chargée de projet pour l’Afrique subsaharienne, a apporté des précisions sur les critères retenus, tandis que Camille, chercheuse au sein de RSF, a détaillé les tendances spécifiques aux pays du Sahel, souvent marqués par des régimes autoritaires et hostiles à la presse.
Emedia
Photo : Pape Doudou Diallo