La commune de Saly est engagée dans un bras de fer foncier avec la Société d’Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO). En cause, trois hectares de terrain que la SAPCO avait, selon les autorités locales, attribués à la commune pour la construction d’un centre de santé et d’un lycée, mais dont le bail n’a jamais été délivré.
Face à cette situation, le Collectif pour la défense des intérêts de Saly a organisé, le week-end dernier, un point de presse pour alerter l’opinion publique et annoncer une marche pacifique dans les prochains jours.
Selon Moulaye Assane Badji, juriste et conseiller municipal de Saly, l’attribution des trois hectares remonte à l’époque de l’ancien Directeur général de la SAPCO, Ndiouga Sakho. « Malgré cette décision, la commune n’a toujours pas obtenu le bail nécessaire à la réalisation de ces infrastructures sociales essentielles », a-t-il déploré.
S’appuyant sur les textes régissant la décentralisation au Sénégal, notamment l’Acte 1 de 1972, la loi 96-06 du 22 mars 1996 et l’Acte 3 de 2013, M. Badji estime que le principe de la libre administration des collectivités territoriales est « ouvertement bafoué » par la SAPCO. Il appelle également à l’application de la loi 76-07 du 2 juillet 1976 relative à l’expropriation pour cause d’utilité publique.
« Les populations ont besoin de ces infrastructures sanitaires et éducatives. Elles ne peuvent pas continuer à se déplacer ailleurs pour se soigner », a-t-il insisté, ajoutant que la commune de Saly ne dispose presque plus de réserves foncières exploitables.
Le président du Collectif pour la défense des intérêts de Saly, Pape Sylla, a pour sa part dénoncé une situation qu’il juge injuste. Il rappelle que Saly faisait autrefois partie de la communauté rurale de Malicounda, laquelle avait cédé à la SAPCO 580 hectares, avant l’ajout de 40 hectares supplémentaires, portant le total à 620 hectares destinés à l’aménagement touristique.
« Aujourd’hui, sur près de 500 employés de la station balnéaire, moins de 30 sont originaires de Saly. La localité est mal éclairée, peu entretenue et les populations n’y tirent que très peu de bénéfices », a-t-il affirmé.
Au-delà des revendications foncières, le collectif interpelle directement le Président de la République, le Premier ministre et le ministre du Tourisme afin qu’ils interviennent pour un règlement rapide du dossier. « Saly n’a plus de terres, plus de pêche, plus d’agriculture. La priorité reste l’obtention du bail sur les trois hectares destinés au centre de santé et au lycée », a conclu Pape Sylla.
Aboubakry Kane, Emedia Mbour







