Invité d’honneur du Global Solutions Summit à Berlin, l’ancien président sénégalais Macky Sall a livré un discours fort et structuré sur la place de l’Afrique dans le multilatéralisme contemporain. Devant un parterre de dirigeants, d’experts et de penseurs internationaux, il a formulé un plaidoyer en faveur d’un ordre mondial plus équitable, plus inclusif et mieux adapté aux réalités du XXIe siècle.
Dès l’ouverture de son intervention, Macky Sall a tenu à saluer l’initiative du sommet, porté par Christian Kastrop, et à remercier les organisateurs pour leur accueil. Dans un monde en proie aux tensions, il a souligné l’importance de maintenir des espaces de dialogue pour penser collectivement les voies de sortie de crise.
Dressé comme un constat d’alerte, son propos a dénoncé les limites d’un système multilatéral né des décombres de la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui dépassé par les enjeux actuels. Face à la multiplication des conflits, à l’aggravation du changement climatique, aux menaces terroristes persistantes et aux tensions commerciales, les institutions internationales peinent à apporter des réponses concertées et efficaces.
Dans ce contexte d’incertitude, Macky Sall a rappelé que l’Afrique reste confrontée à des défis majeurs. Il a cité en premier lieu la question de la paix et de la sécurité, en particulier dans la région sahélienne. Dénonçant l’inadaptation des missions traditionnelles de maintien de la paix face au terrorisme, il a plaidé pour des mandats plus robustes et des ressources accrues, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, avec le soutien des Nations Unies et de leurs partenaires.
Il a ensuite évoqué les blocages qui freinent le développement économique du continent, en dépit de son immense potentiel en ressources naturelles, humaines et agricoles. Macky Sall a critiqué les failles du système fiscal international et les méthodes biaisées des agences de notation qui pénalisent injustement les économies africaines. Il a appelé à une réforme de fond de la fiscalité internationale et à l’assouplissement des règles de l’OCDE pour faciliter l’accès des pays en développement à des financements à long terme, à des conditions viables.
Sur la question climatique, l’ancien président a défendu le droit de l’Afrique à une transition énergétique juste, en rappelant que le continent, bien que peu pollueur, subit de plein fouet les effets du réchauffement. Il s’est insurgé contre l’interdiction du financement des énergies fossiles comme le gaz, pourtant plus propre que le charbon encore utilisé dans certains pays industrialisés. Il a souligné les efforts africains pour développer des projets sobres en carbone, et a lancé un appel à soutenir financièrement la deuxième phase du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), qu’il pilote au sein du Centre mondial pour l’adaptation.
Enfin, Macky Sall a insisté sur l’urgence de réformer la gouvernance mondiale. À ses yeux, le système actuel, hérité de l’après-guerre, est devenu obsolète et ne reflète plus les équilibres du monde contemporain. Il a salué l’intégration récente de l’Union africaine au G20 et la création d’un troisième siège africain au sein du FMI, tout en appelant à élargir cette logique à d’autres instances comme le Conseil de sécurité des Nations Unies et la Banque mondiale. Pour lui, seul un multilatéralisme réinventé, fondé sur l’équité, la solidarité et la représentativité, peut préserver la cohésion internationale.
Clôturant son discours sur une note d’espérance, Macky Sall a appelé à une mobilisation collective, guidée par le courage du dialogue et la foi en l’humanité. Dans un monde troublé, il a plaidé pour un sursaut humaniste, capable de dépasser les clivages et de poser les bases d’une coopération renouvelée, respectueuse des diversités mais unie par des valeurs partagées.
Emedia