La publication des rapports des corps de contrôle occupe l’actualité ces derniers jours. Plusieurs autorités du régime du président Macky Sall ont été épinglées par lesdits rapports. Invité du Jury du Dimanche sur les ondes de la 90.3 Iradio, Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais croit que tous les Sénégalais et toutes les Sénégalaises sont indignés de constater, bien sûr, les briques d’informations qui sont déjà sorties de ces rapports, de constater beaucoup d’avaries, beaucoup d’anomalies et beaucoup d’injustices ici et là. « Je crois que tout le monde est indigné de constater, si ce qui sort de la presse et maintenant de ces rapports est confirmé, c’est quand même indignant. C’est quand même inquiétant et très frustrant de constater que ceux qui étaient engagés en politique et qui nous disaient, confiez-nous votre vie, vos biens, vos budgets, votre sécurité. Confiez-nous tout cela et nous allons nous en occuper de la façon la plus belle si c’est ceux-là qui sont indexés d’être à la base de tous ces modes de gouvernance mal faits, il y a de quoi à la fois être indigné et être inquiet », déclare-t-il.
À la question de savoir est-ce qu’il y a une solution ou un remède ? Il rétorque : « les causes sont politiques. Les solutions seront politiques. Est-ce que nous allons avoir le courage, la détermination et l’engagement de suivre ces causes politiques pour y trouver des solutions politiques ? C’est là la grosse question. Mais tout ce qui arrive, à mon avis, dans le sens de la mauvaise gouvernance, de la mauvaise gestion des biens et des services, etc., ce n’est pas parce que Dieu nous en veut que ça nous est arrivé. C’est parce que nous-mêmes, nous avons été, par moments, pas très sincères avec nous-mêmes et avec le bien commun que cela est arrivé. On a souvent mis en avant notre propre égoïsme personnel et non pas l’intérêt global et commun des populations sénégalaises ».
Poursuivant, il indique donc : « ce qui arrive n’est ni de la fatalité, ça peut être un accident de parcours, oui, mais qu’on reconnaisse que j’ai fait un accident et que désormais plus jamais ça ne va arriver. Est-ce que chez nous, ceux qui sont à la base de ces actions dites de mal gouvernance reconnaissent les choses et sont prêts à se repentir et à demander pardon et sont même prêts à payer là où il faudra payer ? C’est donc tout cela qui, à notre avis, nous fait penser donc que si les causes sont politiques, les solutions sont politiques. Et dans ces solutions politiques, il faut de la volonté politique de ceux qui dirigent. Il faut de la volonté politique de ceux qui sont chargés de sanctionner, d’évaluer et de montrer et de mettre le doigt là où ça n’a pas été ça. Mais tout en disant aussi là où ça a été un modèle de gouvernance. Il faut aussi savoir sanctionner positivement. Encourager ceux-là qui ont eu ce comportement, les féliciter même devant le peuple pour avoir la même occasion aussi de sanctionner de l’autre côté ceux qui n’ont pas été de bons exemples ».
Selon l’invité du Jury du Dimanche, il faut uniquement et simplement faire en sorte que ceux qui doivent être sanctionnés positivement le soient, ceux qui doivent être sanctionnés négativement le soient, et que ce soit à la justice, uniquement et exclusivement à la justice, de s’occuper des dossiers liés à la publication des rapports. « Mais tant qu’on essaiera de régler un compte à un ancien adversaire, ça va faire une roue tournante tout le temps. Parce que ceux qui viendront aussi quatre ans, dix ans après, se diront, lui aussi, pendant que moi j’étais dans l’opposition, voilà comment il se comportait, voilà comment il me jugeait, voilà comment il me traitait. Alors qu’il s’agit en fait de soustraire de la question crypto-personnelle dans la gouvernance, et de ne se fier qu’à la gestion de l’intérêt commun des Sénégalais. C’est-à-dire que la patrie soit ce qui nous permet seulement de juger les uns et les autres, et non pas la clientèle politique, la relation politique », a-t-il aussi dit.
Cheikh Moussa SARR et Pape Doudou DIALLO (photo)