Dans le débat politique sénégalais, la tentation de réécrire l’histoire à des fins partisanes semble devenir monnaie courante. Dernier exemple en date : le projet de l’autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-Louis, dont les nouvelles autorités cherchent à s’attribuer le mérite, occultant délibérément l’implication majeure du régime de Macky Sall.
Il convient de rétablir les faits. Officiellement, le lancement des travaux du lot en Partenariat Public-Privé (PPP) reliant Tivaouane Peulh à Tivaouane a été effectué par l’ancien président Macky Sall le 10 février 2023 à Tivaouane. Derrière ce projet structurant, se cachent des années de négociations avec des partenaires internationaux, notamment l’américain Bechtel et le sud-africain Tract, pour parvenir à un modèle de financement optimal. L’allotissement final a permis d’intégrer les bailleurs classiques, garantissant ainsi la viabilité financière du projet, bien avant l’alternance politique de 2024.
À la fin de l’année 2023, la plupart des entreprises adjudicatrices avaient déjà installé leurs bases de vie, preuve que ce chantier était bien engagé sous l’ancien régime. Pourtant, les nouvelles autorités, en mal de projets novateurs, semblent aujourd’hui vouloir capitaliser sur ces réalisations pour masquer leur manque de vision.
Ce phénomène ne se limite pas à l’autoroute Dakar-Tivaouane-Saint-Louis. Plusieurs autres infrastructures majeures, initiées et financées sous Macky Sall, font aujourd’hui l’objet d’une récupération politique. Parmi elles, le Palais de Justice ultra-moderne de Tivaouane, récemment inauguré, ou encore les châteaux d’eau de Saint-Louis et les travaux du Nanija Bolong à Kaffrine, qui devraient bientôt être mis en avant par le nouveau régime. À cela s’ajoutent les 45 Maisons de la Jeunesse et les 45 centres de formation professionnelle programmés pour chaque département du pays, ainsi que l’Hôpital national El Hadji Malick Sy de Tivaouane.
L’État étant une continuité, il est naturel que des projets initiés par un gouvernement soient poursuivis par le suivant. Toutefois, reconnaître le mérite des prédécesseurs relève d’une simple honnêteté intellectuelle. Le Sénégal mérite mieux qu’une politique basée sur la déformation des faits. Il est temps que les nouvelles autorités cessent de se glorifier de réalisations qu’elles n’ont pas initiées et se concentrent sur l’élaboration de leurs propres projets.
Car si le mensonge peut séduire un temps, seule la vérité finit par triompher.