Avocat au barreau de Paris depuis 1985, Me Pierre-Olivier Sur s’est imposé comme l’un des ténors du droit pénal français et international, spécialiste des affaires politiques sensibles et des procès à haute intensité médiatique. Aujourd’hui, c’est au Sénégal qu’il revient sur le devant de la scène, en tant qu’avocat de l’ancien président Macky Sall, impliqué dans l’affaire explosive de « dette cachée » de son régime, révélée après l’alternance présidentielle de mars 2024.
L’arrivée de Me Sur dans ce dossier n’a rien d’anodin. Le Sénégal, dans une période de recomposition politique profonde, voit l’ancien chef de l’État mis en cause sur la gestion opaque de la dette publique, avec des soupçons de dissimulation de charges financières majeures. Face à ce qui pourrait devenir une affaire d’État, Macky Sall a choisi un avocat rompu aux dossiers complexes mêlant droit, politique, diplomatie et communication.
Au Sénégal, Me Pierre-Olivier Sur n’en est pas à son premier dossier sensible. Il a été l’avocat de Mame Mbaye Niang, ancien ministre du Tourisme, dans l’affaire de diffamation qui l’opposait à Ousmane Sonko, principal opposant du régime à l’époque. Ce procès très controversé a abouti à la condamnation de Sonko, et l’a rendu inéligible à l’élection présidentielle de 2024, une décision qui a profondément marqué la vie politique nationale. Pour certains, cette affaire a été le tournant qui a scellé l’issue du scrutin présidentiel avant même son ouverture.
Plus tôt, Me Sur avait également défendu Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, dans l’affaire des biens mal acquis. Il avait alors dénoncé les procédures engagées au Sénégal et s’était appuyé sur le non-lieu prononcé en France pour appuyer la défense de son client. Là encore, il s’agissait d’une affaire mêlant justice, politique et enjeux de souveraineté juridique.
Pierre-Olivier Sur est aussi intervenu dans des affaires hautement sensibles en Afrique, notamment pour Blaise Compaoré, ancien président du Burkina Faso. Il a défendu ce dernier alors que celui-ci faisait l’objet de poursuites pour son rôle dans l’assassinat de Thomas Sankara, ainsi que d’autres accusations liées à sa gouvernance autoritaire. Dans ce contexte, Me Sur a souvent invoqué le droit international et les garanties procédurales pour protéger son client des dérives judiciaires.
Plus récemment, il est apparu comme l’un des avocats de la famille d’Ali Bongo, après le coup d’État militaire survenu au Gabon en 2023. Dans cette affaire, il a dénoncé la séquestration et les actes de torture infligés à l’ancien président gabonais, ainsi qu’à certains membres de son entourage, exigeant le respect du droit international humanitaire et des procédures judiciaires régulières.
En France, son nom est également attaché à des affaires emblématiques : le scandale du sang contaminé, l’affaire Elf, le Mediator, ou encore Kylian Mbappé, dans un différend contre le PSG autour d’accusations de harcèlement moral. Dans ce dernier cas, Me Sur a représenté le joueur star dans la phase précontentieuse, avant que celui-ci ne retire sa plainte.
Bâtonnier du barreau de Paris entre 2014 et 2015, ancien secrétaire de la Conférence, enseignant à Sciences Po et à l’École du Barreau, il est reconnu pour sa maîtrise de la plaidoirie, son sens du verbe et sa compréhension fine des équilibres de pouvoir. Son style, à la fois médiatique et érudit, séduit certains autant qu’il agace d’autres.
En s’engageant aux côtés de Macky Sall dans ce dossier de dette cachée, Me Pierre-Olivier Sur s’inscrit dans la continuité d’une carrière tournée vers la défense d’hommes d’État confrontés aux exigences du droit, dans des contextes politiques tendus. Sa présence confirme que cette affaire n’est pas seulement une question comptable ou administrative, mais un contentieux potentiellement historique, au croisement de la justice, de la transparence et de la mémoire politique d’un régime.
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