Président de House of peace and sharing (Hps), association de lutte contre les cancers féminins, de la peau des albinos, un mot sur Octobre Rose…
La lutte contre les cancers féminins et le cancer des albinos figure en première priorité dans mon engagement politique et social. Cette volonté a été confortée par plusieurs facteurs : la pauvreté des femmes atteintes de cancer, l’absence de soutien psychologique de leurs époux et leur non-assistance dans leur parcours de soins. Moins de 1 époux sur 10 accompagnent leurs femmes à l’hôpital et près des 70% des maris divorcent dans les 6 mois qui suivent la découverte de la maladie. C’est pourquoi depuis 2012, l’association Hps qui couvre l’ensemble du territoire national et que j’ai l’honneur de diriger s’est engagée à accompagner les patients à travers des frais partagés lors des explorations fonctionnelles, les soins et la réparation post-chirurgie ; la réinsertion des patientes en rémission dans des activités génératrices de revenus ; enfin, l’accompagnement en soins paliatifs et fin de vie. L’évaluation dont nous venons de faire la restitution, a montré l’insuffisance de la politique de soutien aux associations de malades. Beaucoup de mesures doivent être, par conséquent, accordées à la lutte contre les cancers dans notre pays. Qu’il s’agisse du cancer et des autres maladies, notre société doit se mobiliser pour soulager la douleur et la souffrance des personnes atteintes. C’est toute la réforme de la politique et du système de santé que nous envisageons.
El Hadji Ibrahima Sall, président du parti Demain la République. «Demain, la République» en 2012. «Un autre Sénégal est possible : la République, et maintenant !»… Vous avez comme une obsession pour la République. Pourquoi ?
Oui, parce que la République est une forme de gouvernement qui se fonde sur les principes d’égalité, de liberté et de solidarité. Il serait, d’après le philosophe, le moins mauvais des gouvernements jusqu’ici connus. En plus de reposer sur des valeurs universelles, elle substitue la légitimité de la raison à la légitimité du sang comme toutes les grandes religions révélées du monde. La République est, enfin, un pari sur le progrès et sur le vivre-ensemble. Elle fonde d’un coup les 3 choses qui sont au coeur de mon programme et qui sont : la démocratie de confiance, la société de confiance et l’économie de confiance. De ce fait, la République organise, régule et pacifie notre coexistence. S’agissant de la référence à 2012, il existe une continuité parfaite entre les deux ouvrages dont la dernière peut être considérée comme une mise à jour de la première avec une prise en charge des urgences actuelles.
«La République est, enfin, un pari sur le progrès et sur le vivre-ensemble»
Aujourd’hui, la grande priorité nationale consiste à engager toutes les réformes nécessaires pour mettre fin à la confiscation de la démocratie par les partis politiques et pour imposer le ruissellement des richesses nationales auprès des populations les plus démunies. Mon programme donne deux solutions institutionnelles à ce problème : la création d’un Haut conseil du contrôle citoyen (Hccc) et l’initiative de régionalisation intégrale du Sénégal (Iris).
Vous venez de publier «La République, et maintenant !». Cette exclamation est un impératif. Mais pourquoi cet appel d’urgence ?
L’une des questions majeures de notre époque est la défense de la démocratie. Notre démocratie est menacée par l’élite dirigeante et par la vague populiste venue des foules. Il était dès lors impératif de donner des réponses claires à ces deux dérives. C’est ce que j’ai tenté de faire en 6 points dans le chapitre consacré à la défense de la démocratie dans le livre Un autre Sénégal est possible. En un mot, la réponse que je préconise à travers le Haut conseil de contrôle citoyen, une institution apolitique de démocratie d’exercice permanent est une réponse définitive à la confiscation du pouvoir démocratique par les partis politiques. Tous nos compatriotes qui étaient désabusés de la politique y trouveront une réponse satisfaisante à leurs inquiétudes et revendications.
«Notre démocratie est menacée par l’élite dirigeante et par la vague populiste venue des foules»
«Un autre Sénégal est possible» ressemble à toutes ces promesses qu’on a entendues jusque-là. Mais faudrait-il que vous soyez président. Avez-vous retiré des fiches de parrainage à la Dge ?
Oui, j’ai obtenu mes fiches de parrainage. Une vision sera naturellement plus facile à mettre en action par le porteur du projet lui-même. Il est évident que notre engagement est ferme pour conduire toutes les réformes et toutes les transformations que le Sénégal attend de nous. Justement, le Hccc inclut un organe de vigilance qui veille sur la tenue des promesses politiques. C’est cela aussi Inspirer le Sénégal !
Justement, que vous inspire la pléthore de candidats à la candidature et le principe de parrainage ?
C’est inquiétant pour notre démocratie qu’il y ait autant de candidats et que chacun puisse a priori exercer les fonctions de président de la République. La fonction est grave et sérieuse. Il faut une vingtaine d’années pour bâtir un homme politique et un homme d’Etat. Un pays n’est pas une tontine de quartier, ni une boutique de rue. Combien de candidats ont déjà servi un État normé ? Combien de candidats ont une expertise dans les secteurs sensibles de la défense nationale et de l’économie ? Combien de candidats ont, enfin, une expérience de direction des hommes ? Cette instabilité politique consécutive à la prolifération des candidats impactera négativement et assurément la stabilité sociale et économique de notre pays. C’est une réalité qui annonce une très mauvaise saison. C’est la preuve que le parrainage n’est pas la solution à l’inflation de candidature. Le système actuel est discriminatoire et constitue une source certaine de méfiance. Nous aurions pu inspirer notre pays en lui faisant adopter une procédure de sélection qui prît en compte des considérations d’ordre éthique et programmatique. Il est même envisageable que l’on fît usage de procédures d’auditions publiques. Une telle innovation implique la présence d’un organe crédible, impartial et apolitique pour prendre les décisions finales. Un minimum de parcours professionnel et académique devrait être exigé de tous les candidats à la magistrature suprême.
Quoi qu’il en soit, il est impératif de desserrer l’étau que l’argent exerce sur notre système démocratique en sélectionnant à la candidature suprême des entrepreneurs qui ont pignon sur rue et fonctionnaires qui se sont enrichis dans les régies financières de l’Etat.
Que proposez-vous aux Sénégalais de différent ? Quel est votre programme ?
Cette question est à mon sens celle qui intéresse le plus les Sénégalais. Un travail rigoureux de plusieurs années de diagnostic des raisons profondes de l’inefficacité des politiques publiques, et l’effritement de notre modèle social nous a permis, mon équipe et moi, de proposer aux Sénégalais un projet de société qui restaurera la grandeur du Sénégal, mais aussi un programme de redressement des politiques publiques avec des réformes profondes qui toucheront tous les secteurs. Plus de 600 mesures concerneront la famille, la société de confiance, l’emploi, l’école, la santé, la défense des intérêts nationaux, l’enseignement supérieur, la sécurité et la défense, la discipline publique, la justice, la diaspora, la jeunesse et les sports, la culture, l’espace, etc. Ce programme, le moment venu, sera partagé avec les Sénégalais, mais quelques exemples de mesures dont la famille, pour resolidifier les bases d’une société de confiance capable de soutenir les piliers de son développement. Déjà, en dehors de ce programme qui sera dévoilé après la décision du Conseil constitutionnel, les 303 pages de mon livre contiennent plus de 100 propositions. Jamais, dans notre histoire politique un candidat à la présidence de la République n’a proposé un programme aussi complet, aussi cohérent et aussi pertinent.
«Plus de 600 mesures concerneront la famille, la société de confiance, l’emploi, l’école, la santé, la défense des intérêts nationaux, l’enseignement supérieur, la sécurité et la défense, la discipline publique, la justice, la diaspora, la jeunesse et les sports, la culture, l’espace, etc.»
Nous avons déjà apporté des solutions claires sur la défense des libertés publiques, la renaissance du débat démocratique, l’organisation de l’espace du débat et de la délibération publics, sans oublier le nécessaire encadrement du droit à la résistance. Nous avons également développé les axes d’une nouvelle politique de professionnalisation du maintien de l’ordre et de la promotion des libertés publiques. Dans le prolongement du respect de la dignité humaine, nous avons proposé une charte de la personne privée de liberté sur les lieux de garde à vue, de soins sans consentement et dans les prisons. Cette charte sera reconnue par notre Constitution. En toute urgence, il est question de professionnaliser le maintien de l’ordre pour le mettre au service des libertés publiques, de restaurer la discipline publique et l’autorité de l’État, de lutter contre la corruption, de refonder la justice, de dépolitiser l’administration et de réformer notre système de défense du territoire. Je propose enfin, aux Sénégalais, une politique de plein emploi en repositionnant l’emploi au cœur des politiques publiques, elles-mêmes soumises désormais à des contraintes de convergence d’objectifs et de trajectoires. Un ministre sera chargé de la convergence des politiques publiques et de l’emploi. Il permettra de doter notre pays d’une politique économique et sociale coordonnée en lieu et place de la juxtaposition actuelle de programmes souvent divergents.
«…il est question de professionnaliser le maintien de l’ordre pour le mettre au service des libertés publiques»
Candidat déclaré encore en 2024. Vous l’étiez aussi en 2019 avant de rejoindre le Président Sall. Comment allez-vous convaincre les Sénégalais ?
En 2019, je ne me suis pas déclaré candidat, même si plusieurs de mes compatriotes en avaient exprimé la demande. J’ai répondu à l’appel personnel du président de République après de longues discussions pour définir les transformations que le Sénégal attendait et que ses gouvernements successifs devaient mettre en œuvre. J’ai d’ailleurs à ce sujet, accordé une interview au quotidien Le Soleil pour préciser la feuille de route de la réforme de l’Etat aujourd’hui, le choix du candidat du camp présidentiel ne m’est pas opposable dans la mesure où mon parti n’est lié par aucun contrat politique avec l’APR ou la coalition BBY. J’ai toujours servi l’État sans contrat avec un parti politique. Ministre du Président Diouf, je n’ai jamais pris la carte du Ps. Ce fait qui consiste à appeler au service de l’Etat des citoyens non militants honore les Présidents qui leur font confiance et les hommes qui servent la République.
Avez-vous démissionné de la fonction de Président de la Cesppp ?
Pas à ce jour.
En tant que Président de la Cesppp ayant évalué les programmes et politiques publics, quelle note vous donneriez-vous ?
Le Président de la Cesppp n’a ni la vocation, ni la mission de donner des notes. L’évaluation n’est pas une activité de notation. Elle consiste en une activité très proche de ce que font aujourd’hui les arbitres de VAR lors des matchs de football. L’évaluateur n’est pas un joueur, ni un entraineur, ni même un arbitre de champ. Il observe des actions passées, révolues et porte un jugement sur ce qui a été fait. En un mot, je peux me définir comme l’arbitre VAR de la République. Sur le portefeuille des politiques programmes et projets, il y a comme toujours et partout des corrections à apporter, des initiatives à supprimer et des actions nouvelles à envisager. C’est la raison d’être même des recommandations des évaluations.
Pour avoir piloté la réforme du secteur de la défense et de la sécurité en Guinée Bissau, quelle réforme préconisez-vous pour la sécurité au Sénégal avec les violences au niveau national et les menaces dans la sous-région ?
Notre expérience de terrain et notre connaissance des questions cruciales de sécurité et de défense nous ont conduits à plusieurs réformes. Elles consistent à repenser notre système de défense lui-même, à se mettre dans le temps du monde en envisageant de nouvelles dimensions jusque-là oubliées tout en améliorant significativement certaines fonctions et opérations militaires, à engager les armées dans le destin de la nation toute entière et à faire naître un esprit de défense au sein des populations. Il est important de comprendre que la première mission d’un président de la République est d’assurer la défense du territoire national et d’exercer les fonctions de chef suprême des armées. La connaissance des armées est une qualité impérative et non négociable pour un président de la République.