Invité de l’émission Jury du Dimanche (JDD) sur iRadio et iTV, Mouhamadou Madani Kane, leader du Mouvement DUNDU, a livré une analyse sans concession de la culture politique sénégalaise. Il a appelé à un changement en profondeur, axé sur une éducation fondée sur l’éthique plutôt que sur la quête effrénée de biens matériels.
« Chercher très loin, c’est d’abord revenir à nos valeurs fondamentales », a-t-il déclaré, insistant sur la nécessité de réorienter l’éducation des enfants vers la recherche de la connaissance et du sens moral. Pour lui, la dérive actuelle est en grande partie due à une perception déformée du pouvoir. « Être ministre ou directeur général ne signifie pas que les biens publics nous appartiennent », a-t-il martelé, appelant à un consensus national sur la nature du service public et la responsabilité qui en découle.
Mouhamadou Madani Kane estime que les outils juridiques existent déjà – à l’image de l’ex-CREI (Cour de répression de l’enrichissement illicite) ou du Pôle judiciaire financier – mais que leur efficacité dépend de leur ancrage dans une culture politique saine. « Notre véritable chance serait que ces instruments ne servent jamais, car cela signifierait qu’il n’y a plus de déviance à corriger », a-t-il souligné.
Interrogé sur la reddition de comptes des anciens ministres dans le cadre du scandale des fonds Covid, il a tenu à rappeler l’importance de la présomption d’innocence. « Le fait que des ministres soient appelés à rendre des comptes ne me dérange pas, bien au contraire. C’est dans l’ordre normal des choses », a-t-il affirmé. Il note toutefois qu’aucun ministre n’a encore été formellement inculpé ni condamné à ce jour.
Pour le leader du Mouvement DUNDU, la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance passe donc par une réforme des mentalités, une valorisation de l’éthique, et un usage rigoureux mais juste des dispositifs judiciaires.
Emedia