Depuis les élections municipales et départementales de janvier 2022, des ministres et directeurs généraux d’agences et de sociétés nationales élus refusent d’exécuter les décisions de justice en procédant au respect de la parité. Le ministre de l’Intérieur a décidé d’utiliser la méthode forte en enjoignant les autorités administratives de faire appliquer la loi.
La loi de 2010 exige la parité absolue dans toutes les fonctions électives avec des listes de candidats alternant hommes et femmes. À l’issue des élections municipales et départementales de janvier 2022, plusieurs maires et présidents de conseil départemental ont refusé d’appliquer la loi. Ce qui avait donné naissance à beaucoup de contentieux qui ont été portés au niveau des juridictions. Malgré des décisions de justice ordonnant la réélection des bureaux, 70 chefs d’exécutifs territoriaux ont refusé de se conformer à la loi. Ce qui n’est pas du goût de la présidente de l’Observatoire national de la parité qui a saisi le ministre de l’Intérieur d’une correspondance pour que les décisions de justice soient respectées. À son tour, Sidiki Kaba a saisi les autorités administratives en ces termes : «Exécutions des arrêts rendus dans le cadre du contentieux relatif à la parité dans le bureau des conseils territoriaux issus des élections de 2022. En effet, soixante-onze bureaux départementaux et municipaux auraient été annulés par les tribunaux pour non-respect de la parité. Toutefois, il paraît que certaines collectivités territoriales n’auraient pas encore procédé à la réélection de leurs bureaux». Le ministre demande aussi «de vérifier l’état de mise en œuvre de ces décisions de justice et de faire procéder, le cas échéant, à la réélection des bureaux des collectivités territoriales concernées».
Parmi les plus en vue, des ministres de la République comme le maire de Dakar-Plateau Alioune Ndoye, le ministre de l’éducation nationale, Cheikh Oumar Anne, le ministre des Forces armées, Oumar Youm, le ministre d’Etat Augustin Tine, le député maire de Tivaouane Demba Diop, le maire de Mérina Dakhar, Aymérou Gningue… Dans la région de Dakar, sont concernés, outre Alioune Ndoye, le maire de Diamniadio Mouhamadou Moulaye Gueye. Dans la région de Kolda, ils sont six maires dont deux dans le département de Kolda. Il s’agit des communes de Médina El Hadji et de Bonconto. Et quatre dans le département de Vélingara, ce sont les communes de Sinthiou Koundara, de Linkéring, de Kandia et d’Ouassadou. Dans la région de Louga, sept communes sont concernées : Loro de Dahra dirigée par le ministre Samba Ndiobène Ka, de Mbeuleukhé dirigée par le haut conseiller Aliou Dia, de Tessékéré, de Ouarkhokh, de Mbédiéne et de Nguidilé. Pour la région de Matam, sont concernées les communes de Orkadiéré et de Dabia dirigées respectivement par le ministre Daouda Dia et le directeur général de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’État (Agpbe). En ce qui concerne la région de Saint-Louis, il s’agit pour le département de Dagana, des communes de Ronkh, de Ndombo Sandjiry et de Gandon. S’agissant du département de Podor, sont concernées les communes de Méri, Ndioum et de Mboumba. Au niveau de la région de Thiès, la parité n’est pas respectée dans les bureaux municipaux de Nguéniène, Thiadiaye, Fandène, Diender Guedj, Ndiéyene Sirakh, Tassette, Thiès-Ouest, Thiès-Est, Darou khoudoss, Méouane, Ngandiouf, thilmakha, Niakhène, Chérif Lo… Pour la région de Ziguinchor, le ministre somme les autorités administratives de faire respecter, par les maires, la loi instituant la parité en procédant à la réélection des bureaux municipaux de Coubalan et de Boutoupa Camaracounda.
Malick SY