La récente conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’OMVG à Banjul continue de faire des vagues. Mansour Faye, ancien ministre et maire de Saint-Louis, dénonce une décision jugée « scandaleuse », qui, selon lui, compromet les intérêts stratégiques du Sénégal dans le projet énergétique régional.
L’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie (OMVG) supervise un ambitieux projet énergétique comprenant une ligne d’interconnexion électrique de 1 700 km (700 millions USD) et le barrage hydroélectrique de Sambangalou (128 MW, 400 millions d’euros). L’exploitation de ces infrastructures nécessite la mise en place d’une société de gestion et d’exploitation, la SOGESART. Selon Mansour Faye, le Sénégal, seul pays membre éligible aux financements, s’est porté garant de l’endettement du projet et devait, en toute logique, obtenir le siège de la société (probablement à Kédougou) ainsi que le poste de Directeur Général (DG), du moins jusqu’au remboursement des investissements.
Cependant, à Banjul, le Premier ministre sénégalais aurait renoncé à ces acquis stratégiques en acceptant uniquement le poste de Secrétaire général, laissant aux autres pays membres le choix du siège et du DG. Une décision qui suscite incompréhension et inquiétude. « Le SG n’a aucune influence sur la gestion. Nous perdons ainsi tout levier de contrôle sur la rentabilité du projet », s’indigne Mansour Faye, redoutant un risque financier majeur pour le Sénégal.
Le choix du gouvernement serait motivé par des considérations fiscales, notamment sur les exonérations liées à l’accord de siège. Une priorité jugée réductrice par les experts du secteur, qui craignent des pertes d’opportunités économiques et d’emplois pour le pays. « Le Sénégal prend un risque énorme en garantissant un projet sans en maîtriser la gestion », avertit l’ancien ministre.
Face à ces inquiétudes, les acteurs du secteur énergétique appellent à une réévaluation urgente de cette décision pour préserver les intérêts du pays dans un projet d’envergure régionale.
Assane BA, Emedia