Il a vécu en Israël pendant une dizaine d’années. Ce chef d’entreprise et consultant, est contre la rupture diplomatique parce que la coopération entre les deux pays est vaste.
Beaucoup de voix dont celle du Premier ministre Ousmane Sonko s’élèvent pour demander au chef de l’Etat de durcir le ton contre Israël. D’autres l’invitent à rompre les relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël. Pensez-vous que ce soit une bonne option ?
Si des voix s’élèvent pour demander la rupture des relations diplomatiques entre le Sénégal et Israël, ce sont des opinions qui s’expriment. Cela peut quelque part être compris par rapport à ce qui se passe dans cette partie du monde. Depuis octobre 2023, nous savons tous qu’il y a beaucoup d’exactions venant du côté israélien vers Gaza. Donc, ceci peut expliquer cela. Mais, ce n’est pas fondamentalement une raison pour rompre les relations diplomatiques de cette façon, parce que ces dernières fonctionnent par rapport à des canevas. Et, dans les relations diplomatiques entre Etats, dans un processus qui tend vers la rupture, il y a différentes étapes. On peut soit consulter son ambassadeur ou bien celui qui est rattaché là-bas par des notes diplomatiques. Par rapport à ces voix, je crois que le Premier ministre aurait dû éviter de demander directement au président de la République de revoir la position du Sénégal avec Israël et de s’aligner sur l’Afrique du Sud. Il fallait laisser le ministre des Affaires étrangères faire son travail.
Ne pensez-vous pas que le Premier ministre a commis une erreur diplomatique ?
Je ne le dirais pas de cette façon, mais c’est un nouveau régime. Il peut y avoir des couacs mais je ne le qualifierais pas de faute. Il faut du temps pour comprendre certaines choses et éviter de faire des erreurs.
Quelles peuvent être les conséquences de la rupture ?
Quand, vous rompez les relations, vous rompez la coopération. C’est une coopération qui se porte bien mais qui peut être améliorée sur beaucoup de domaines. En effet, Israël est un pays ouvert et tient à entretenir des relations avec les pays africains et particulièrement avec le Sénégal qui occupe une position géostratégique. C’est un pays qui est un pont entre l’Amérique et le Moyen-Orient. Si je prends seulement, l’exemple du trafic aérien, l’aéroport Blaise Diagne ne fonctionne pas à plein régime. Par exemple, la ligne Dakar-Moyen Orient pour aller aux Etats-Unis sans passer par l’Europe, les Israéliens ne pensent qu’à cela.
Quel rôle le Sénégal peut jouer dans la résolution de ce conflit ?
Le Sénégal peut jouer un grand rôle parce qu’Israël a besoin de nous, surtout du fait de notre position géostratégique. Il peut être une interface parce qu’il a de bons rapports avec la Palestine. Au lieu de penser à une position radicale de rupture, le Sénégal risque de se mettre sur la touche. Les gens fonctionnent avec l’émotion et cela pose problème.
Et si le Président Diomaye Faye faisait appel et solliciter votre expertise sur cette affaire avant de prendre une décision. Que lui diriez-vous ?
Personnellement, je ne suis pas pour la rupture des relations diplomatiques avec Israël. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas contents de ce qui se passe que nous devons claquer la porte et dire basta ! Il faut discuter avec les parties surtout en ce moment. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est avec le gouvernement Netanyahou qui commet des exactions. Il faut qu’on évite de confondre le fonctionnement de l’Etat israélien direct et un gouvernement qui est là pour un temps bien déterminé et qui, demain, ne sera plus là.
Malick SY