Invité sur la télévision nationale burkinabè, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a livré une réflexion approfondie sur la question du franc CFA, au cœur des débats monétaires en Afrique de l’Ouest. Fidèle à ses prises de position antérieures, il a rappelé la constance de sa ligne depuis ses premiers écrits jusqu’au programme présidentiel de Bassirou Diomaye Faye en 2024.
Pour Ousmane Sonko, l’objectif reste clair : une intégration économique et monétaire plus poussée au sein de l’Afrique de l’Ouest, qui pourrait aller au-delà de l’espace UEMOA. « Nous voulons un espace intégré, le plus intégré possible, parce que nous sommes dans un monde où les regroupements régionaux sont des leviers de puissance », a-t-il affirmé.
S’il reconnaît les avancées majeures réalisées, comme l’existence d’un marché commun et d’une monnaie commune, le chef du gouvernement sénégalais pointe néanmoins les limites symboliques et structurelles du franc CFA. « Cette monnaie continue de symboliser une présence coloniale », a-t-il déploré, tout en soulignant que les aspects symboliques, tels que le nom de la monnaie, ne sont pas les plus déterminants.
Le cœur du problème réside, selon lui, dans l’arrimage du CFA à l’euro. Une configuration qui, d’après Sonko, ne correspond pas aux réalités économiques des pays de la région : « Le CFA semble être une monnaie trop forte pour nos économies. Elle favorise les importations au détriment de la production locale et freine nos politiques de substitution aux importations ».
Le Premier ministre plaide donc pour une réforme profonde, qui prenne en compte les spécificités économiques de la sous-région et qui permette une pleine appropriation des outils de politique monétaire. « La monnaie est un instrument de politique publique. Aujourd’hui, nous ne disposons pas pleinement de cet instrument. Cela nous oblige à nous recentrer sur des politiques budgétaires souvent sources de tensions », a-t-il expliqué.
Ousmane Sonko a par ailleurs salué les travaux techniques menés par la BCEAO, les qualifiant de convergents avec la vision de l’actuel gouvernement. Il appelle désormais les chefs d’État de la région à se réunir pour statuer sur les options proposées, dans le but de franchir un cap décisif vers la souveraineté monétaire.
Fermement attaché à l’idéal panafricain, il conclut : « Tout ce que nous pouvons faire pour rester dans la cohésion, nous le ferons. Mais si cela ne va pas dans le bon sens, le panafricanisme ne doit pas être synonyme d’immobilisme ».
Emedia