Sur une vidéo tiktok devenue virale, Sadio Mané s’adresse à Bouki sur un ton taquin et amical. Bouki est le surnom moqueur donné par un ami de la famille à l’épouse d’Aly Baba l’un des supporters sénégalais les plus assidus. Cette petite vidéo marque la naissance du surnom Dieukeurou Bouki affecté à ce fidèle fan des Lions de la Téranga. Bés bi vous présente cet ingénieur en informatique d’une quarantaine d’années qui telle une ombre se déplace au gré des matchs des équipes du Sénégal toutes catégories confondues.
«Sadio Mané face au gardien de but égyptien Gabaski… tout le monde connaît la suite. Un rêve qui se réalise, être champion d’Afrique et vivre ce moment inoubliable dans les gradins». Telle est la réponse d’Aly Baba quand on lui demande quel est le plus grand moment de foot auquel il a assisté. Ce penalty transformé a été le couronnement d’une vie passée à écumer les stades pour apporter son soutien au football sénégalais. Des déplacements qui nécessitent des sacrifices. «Ça fait plus de 7 ans que je n’ai pas eu de vacances avec ma famille. J’utilise toutes mes vacances pour assister aux compétitions (Can, Coupe du monde, Can petites catégories, matchs amicaux …)», témoigne-t-il. Il se prive aussi de beaucoup de choses pour financer sa passion de sa poche. «Mais dès que l’équipe gagne, j’oublie toutes les difficultés que je rencontre pour être à ses côtés», tempère-t-il. Plus que des moments de communion avec l’équipe, ces matchs sont aussi une occasion de fraterniser avec d’autres supporters sénégalais venant de tous les horizons.
De beaux souvenirs et une frayeur au Cameroun
Lors de la Can victorieuse, il logeait à Douala tandis que l’équipe devait jouer à Bafoussam. Avec d’autres amis, ils conviennent donc de s’y rendre ensemble en voiture et ramassent en chemin 2 supporters parés du drapeau sénégalais. «En quelques minutes ils sont devenus des potes et on rigolait tous ensemble», se remémore-t-il. A mi- chemin, ils rencontrent un bus de supporters sénégalais. «On a fait une pause tout le monde est descendu pour partager du café, de l’eau, des sandwichs et de manière improvisée un show s’est organisé…».
Un joli souvenir auquel va succéder la frayeur d’une traversée périlleuse. Une route tracée sur une montagne haute avec des virages qui donnent le vertige. «J’avais dit à mes amis qu’au retour je prends l’avion pour ne pas repasser par là-bas», confie-t-il avec humour. Mourir de sa passion, peut-être. Mais sur le terrain pas sur le trajet.
Aux sources d’une passion
La source d’un tel dévouement est à chercher dans l’enfance de ce natif de Sampathé à Thiès où le football est une tradition. «Le foot est inné en moi. Tout petit j’ai commencé à jouer à l’école de foot et je suivais l’US Rail partout au Sénégal et naturellement je ne ratais aucun match de l’équipe nationale», nous renseigne-t-il. Aujourd’hui, son parcours d’infatigable supporter l’a rendu proche des joueurs du Sénégal. «Je ne suis pas l’ami intime des joueurs mais j’entretiens de très bonnes relations avec la plupart d’entre eux dont Sadio avec qui j’échange souvent», soutient-il. Il est aussi proche des joueurs de la petite catégorie dont ceux des U20 qui l’appellent «Grand bi» ou encore ceux des U17 qui l’appellent «Tonton». Il joue le rôle de conseiller pour de jeunes joueurs qui rêvent de réussir dans le foot.
Une vie de famille imbibée de foot
Tout en maintenant sa passion pour le foot, cet homme d’une quarantaine d’année a suivi un parcours classique qui va le mener à une carrière d’ingénieur en Informatique en France où il vit avec son épouse et ses enfants. «En dehors du foot … rien d’autre ne m’intéresse à part passer du temps avec ma petite famille», explique-t-il. Une famille à laquelle il a transmis sa passion : «Ma fille de 2 ans réveille les gens avec le chant “woma woma”. Mon garçon est déjà en U6 dans le club de ma ville. Ils vivent déjà le foot et sont très fiers quand ils me voient à la télé en train de supporter les lions». Son plus grand rêve est de voir son fils porter un jour les couleurs du Sénégal. En dehors de ça, il confie avec humour vouloir se départir du surnom Dieukeurou Bouki depuis que son beau-père lui a «tiré les oreilles» lors du dernier mondial au Qatar. Enfin, s’il pouvait traduire le mythe magique de la Caverne d’Aly Baba en réalité, il offrirait au Sénégal une deuxième étoile en terre ivoirienne où il est naturellement présent.
Marly DIALLO