La Commission de l’Union Européenne a émis ce mardi un «carton jaune» pour l’Etat du Sénégal lui notifiant la nécessité de renforcer les mesures de lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). En effet, dans le cadre de l’engagement pris par l’UE de lutter contre la pêche INN dans le monde et à la suite de plusieurs années de lacunes et d’un manque de coopération, le Sénégal a été pré-identifié par la commission en tant que pays non coopérant dans la lutte contre la pêche INN. Cet avertissement, a dit le communiqué, « se fonde sur de graves lacunes constatées ces dernières années dans le système que le pays a mis en place pour se conformer à ses obligations internationales en tant qu’État du pavillon, État du port, État côtier ou État de commercialisation. »
Les défaillances constatées dans les systèmes de suivi, de contrôle et de surveillance du Sénégal concernent, selon la note, les navires battant pavillon du Sénégal et opérant dans les eaux situées en dehors de la juridiction du pays, ainsi que les contrôles effectués sur les navires de pêche étrangers au port de Dakar. De plus, des exportations illégales du Sénégal vers le marché de l’UE ont été détectées, compromettant ainsi la fiabilité du système de traçabilité sur lequel repose la certification de la légalité des produits de la pêche. La commission reproche aussi le Sénégal d’avoir manqué de « faire preuve d’une volonté suffisante de coopérer avec la Commission dans la lutte contre la pêche INN. »
La Commission applique une approche de tolérance zéro à l’égard de la pêche INN et entame par cette décision un dialogue formel avec le Sénégal. Poursuivant, la Commission européenne, reconnaissant l’engagement du nouveau gouvernement sénégalais à remédier à ces lacunes, se déclare disposée à soutenir le pays dans la lutte contre la pêche INN dont la valeur globale est estimée entre 10 et 20 milliards d’euros par an. « Chaque année, entre 11 et 26 millions de tonnes de poissons sont capturés de manière illicite », a-t-elle précisé.
Elle informe de surcroît qu’à ce stade, la décision ne comporte pas encore de mesures affectant les échanges et le «carton jaune» offre au Sénégal la possibilité de réagir et de prendre des mesures pour remédier à la situation dans un délai raisonnable.
Toutefois, prévient-elle, « en cas de non-conformité prolongée et persistante, les pays peuvent finalement être confrontés à une procédure d’identification («carton rouge»), qui comporte des sanctions, comme, par exemple, l’interdiction d’exporter leurs produits de la pêche vers le marché de l’UE », premier importateur mondial de produits de la pêche.
Et la commission de conclure que « la décision prise aujourd’hui est fondée sur le règlement INN de l’UE, qui est entré en vigueur en 2010. L’un des piliers de ce règlement est le système de certification des captures, qui garantit que seuls les produits de la pêche capturés légalement peuvent accéder au marché de l’Union. Ce règlement prévoit également des mécanismes de dialogue spécifiques avec les pays qui ne s’acquittent pas des obligations qui leur incombent dans le cadre du droit international en tant qu’État du pavillon, État côtier, État du port et État de commercialisation ».
Arame Fall NDAO