Créée par décret en 2022, la Commission nationale de gestion des frontières (CNGF) a pour tâche prioritaire d’élaborer et de mettre en oeuvre la Politique nationale de gestion des frontières (PNGF) dont l’élaboration a fait l’objet d’un atelier de deux jours afin de fixer les termes de références en compagnie des partenaires techniques et financiers, des organisations sous-régionales, de l’administration territoriale et de la société civile.
Selon les termes de référence validés hier par l’ensemble des participants et présentés par le Secrétaire exécutif de la CNGF, l’élaboration de la politique est une recommandation de l’Union africaine (Ua) demandant aux Etats membres de se doter d’un cadre de référence en vue d’une gouvernance efficiente des frontières. Cette recommandation de l’UA a trouvé un écho favorable au Sénégal puisqu’aux termes de l’article 2 du décret n°2022-1949 du 07 novembre 2022 portant sa réforme, la CNGF a pour mission « la conception et la mise en œuvre de la politique de l’État en matière de gestion des frontières. À ce titre, elle est notamment chargée d’élaborer et de mettre en œuvre, en rapport avec les services compétents, la stratégie nationale de gestion des frontières », articule le Colonel Boubacar Touré.
Il ajoute : « Son élaboration trouve sa justification dans les enjeux et défis liés à une bonne gouvernance de nos frontières. En effet, nous faisons face à des menaces et risques divers dans nos frontières, à une certaine insuffisance de la présence de l’État dans les zones frontalières, mais aussi aux besoins de coordination des différentes interventions dans nos espaces. Donc, tout ceci milite pour l’élaboration et la mise en oeuvre d’une bonne politique de bonne gouvernance de nos frontières. »
Procédant au lancement des travaux ce jeudi 30 novembre, le vice-amiral et Chef d’État-major particulier du président de la République du Sénégal, par ailleurs président de la CNGF, Oumar Wade, a indiqué que le rapport attendu devra « servir de cadre de référence institutionnel en matière de gouvernance des frontières nationales, et à ce titre, il devra contribuer à la mise en cohérence des actions menées par les différents services et entités étatiques. Les partenaires et les différents intervenants au niveau des espaces confrontés aux défis et enjeux multiformes. Il devra stimuler les synergies nécessaires dans la prise en charge des préoccupations lancinantes des populations locales conformément aux engagements de nos pays au niveau continental et régional. »
Il souligne que « ce document vise dans une démarche anticipative à établir les conditions d’une coexistence pacifique entre les communautés frontalières et transfrontalières et à apporter les réponses coordonnées et cohérentes aux défis sécuritaires émanant de nos frontières terrestres, aériennes et maritimes » avant d’encourager « tous les membres de la commission à la finalisation de ce projet important pour notre pays. »
Au-delà du « contrôle des mouvements des personnes » dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière, la PNGF se fixe comme objectifs, entre autres « de servir de cadre de référence gouvernemental, et fixer les grandes orientations pour l’ensemble des secteurs. » Pour ce faire, il va s’articuler autour de plusieurs domaines dont « la délimitation ou démarcation qui permet une gestion pacifique des frontières parce qu’évitant les litiges, le développement de l’équipement des zones, la sécurité, la coopération transfrontalière pour s’inscrire dans la prévention, et le renforcement des capacités des acteurs. »
La politique va s’accompagner d’un plan d’action sur une durée de cinq ans. Un comité technique a été mis en place pour l’élaboration de cette politique nationale. Celui-ci sera appuyée par un consultant. La première étape du processus d’élaboration portera sur le cadrage méthodologique avec un rapport d’orientation. Une synthèse du cadre politique et juridique est attendu au niveau national et régional. Le budget approximatif des activités pour l’élaboration de cette politique estimé à plus de 132, 175 millions de francs Cfa devrait évoluer.
La commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), qui a inscrit la gouvernance des frontières comme axe prioritaire dans son cadre d’actions prioritaires 2021-2025, approuve la démarche, et s’engage à accompagner le processus, tout comme la coopération allemande, à travers la Giz.
Dié BA