Le 24 mars 2024, Bassirou Diomaye Faye remportait l’élection présidentielle sénégalaise avec 54% des suffrages. Adoubé par Ousmane Sonko, il héritait d’un pays confronté à des défis économiques et institutionnels majeurs. Un an après, son bilan se dessine à travers des réformes clés, une redéfinition des priorités économiques et une diplomatie proactive.
Dès son investiture, Bassirou Diomaye Faye a lancé des réformes institutionnelles d’envergure. Le 28 mai 2024, il ouvrait un dialogue national sur la modernisation de la justice, aboutissant à des propositions majeures : limitation des pouvoirs du procureur, création d’un juge des libertés et transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle. Dans la lutte contre la corruption, le Pool judiciaire financier, créé le 10 août 2024, a remplacé la Cour de répression de l’enrichissement illicite, enregistrant en quelques mois 91 dossiers traités et plus de 2,5 milliards de francs CFA saisis.
Sur le plan économique et social, le gouvernement a rapidement mis en place des mesures pour soulager la population. Le 13 juin 2024, une baisse des prix des produits de première nécessité a été décrétée : sucre, riz, huile et pain ont vu leur coût réduit, marquant un premier pas vers l’amélioration du pouvoir d’achat. Dans le secteur de l’énergie, l’entrée du Sénégal dans l’ère pétrolière a constitué un tournant. Le 11 juin 2024, les premières extractions du champ offshore Sangomar ont été réalisées, avec une production atteignant 2,7 millions de barils en février 2025. Le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim, exploité avec la Mauritanie, a également démarré fin 2024.
L’accès à l’eau potable a bénéficié d’investissements majeurs, avec le lancement de 101 forages et 89 châteaux d’eau en zone rurale, notamment à Kolda, Saint-Louis et Foundiougne. Parallèlement, le projet PROMOREN à Koungheul vise à mobiliser 46,6 millions de m³ d’eau douce par an.
En matière de politique étrangère, Diomaye a misé sur une intégration régionale renforcée. Dès avril 2024, il effectuait ses premières visites en Mauritanie et en Gambie. Lors du Forum de Doha en décembre 2024, il plaidait pour une réforme de la CEDEAO dans un contexte de tensions avec le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Sur le plan stratégique, le lancement du plan « Sénégal 2050 : Agenda National de Transformation » le 14 octobre 2024 a posé les bases d’un développement à long terme. L’objectif est ambitieux : tripler le revenu par habitant et maintenir une croissance annuelle de 6 à 7 %.
Sur le plan de la paix dans le sud du pays, il a lancé le Plan Diomaye pour la Casamance afin d’accompagner les populations déplacées après plus de 30 ans d’exil. Le paiement des aides aux bénéficiaires a débuté la semaine dernière. Par ailleurs, un accord de paix a récemment été signé à Bissau entre l’État et le MFDC, en présence du Premier ministre Ousmane Sonko et du président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló.
L’opposition, quant à elle, s’organise. Le 9 février 2025, la coalition FDR, incluant plusieurs partis politiques, est née, dénonçant des « dérives » du pouvoir et exigeant plus de transparence.
Malgré ces avancées, des défis persistent. La réforme monétaire promise reste en suspens, la mise en œuvre des réformes judiciaires nécessitera des ressources conséquentes, et l’emploi des jeunes demeure une priorité urgente. Pour sa deuxième année, le président Faye devra transformer ces initiatives en changements structurels durables, répondant aux attentes d’une population avide de progrès concrets.
Emedia