L’élection présidentielle du 24 mars dernier s’est déroulée dans de bonnes conditions. Le Sénégal a encore une fois montré sa maturité. Invité de l’émission Jury du Dimanche, le Professeur Mbaye Thiam, archiviste, enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar a soutenu que : « notre pays n’est pas l’idéal de pays dans le monde parce que ça n’existe pas. Il n’y a pas un idéal de pays sur le plan politique. Chaque pays a son parcours atypique en fonction de sa trajectoire. Il s’agit de ses convictions, des configurations de sa société. Mais notre pays, quoi qu’il en soit, est un pays qui compte en Afrique et dans le monde. Nous avons des problèmes comme tout le monde. C’est vrai que ces élections présidentielles qui viennent de se dérouler ont connu des couacs, notamment dans le processus. Et que le président a été impliqué. Qu’il ait dit plus ou moins que ça lui venait de l’excès, c’était pour sauver les institutions. L’essentiel est qu’on a connu beaucoup de problèmes dans le processus. Les pays africains, notamment nos voisins et autres qui se sont dépêchés de nous jeter la pierre, ne vont pas le faire. Quand on a pris le pouvoir dans son pays par les armes, quand son pays a connu une dizaine de coups d’État en moins de 50 ans, quand un pays est complètement… Ces gens n’ont pas de leçons à nous donner. Par contre, si les gens tirent sur le Sénégal, c’est que le Sénégal est un exemple. Si on était au bas de l’échelle, on ne s’occuperait pas de nous », a-t-il expliqué.
Avant de poursuivre : « nous sommes non pas un modèle, mais nous avons une démarche politique en Afrique. Mais que beaucoup de pays nous envient, même s’ils ne le disent pas. Et à défaut de pouvoir dire qu’ils nous envient, mais certains jouent de la jalousie. La deuxième chose, c’est les réactions de l’opinion internationale, notamment occidentale, vis-à-vis des difficultés que nous avons connues pour organiser ces élections. Mais là aussi, c’est parce que nous sommes devenus un enjeu économique majeur. Un enjeu géopolitique majeur en Afrique et dans le monde. Un Sénégal qui, en 2024-2025, rentre dans le jeu des producteurs de pétrole, des producteurs de gaz. Et qui peut construire, sur la base d’un programme de bonne gouvernance, une prochaine puissance locale, africaine. Mais ça intéresse tout le monde. Et du coup, les gens se battent autour de notre dépouille. Soit pour participer avec nous à notre richesse, soit pour nous obliger à les servir ». Par ailleurs, conclut-il, « après ces élections si on ne peut pas nous rattacher la médaille, mais permettez-moi de dire, mais qu’on nous colle la paix. Parce que nous ne réclamons pas le titre de meilleure démocratie dans le monde, mais personne ne nous fera de leçon de démocratie ».
Cheikh Moussa SARR
Pape Doudou Diallo (Photo)